Ce mardi 2 décembre 2025, le Bureau des Avocats Internationaux (BAI) a organisé une causerie autour du thème : « La traite des personnes en Haïti : une atteinte grave aux droits humains, un combat urgent pour la dignité et la justice sociale ».
Lors de cette causerie, Maître Walden Gelin, avocat au Barreau de Port-au-Prince, est intervenu pour approfondir la notion de traite des personnes, aujourd’hui reconnue comme une forme d’esclavage moderne. Cette réalité englobe le travail forcé, le trafic illicite de migrants, ainsi que les violences faites aux femmes et aux filles etc.
Il a pris l'exemple de la Rome antique, où l’esclavage existait déjà. Et, chez nous, la traite des personnes trouve ses origines dans l’esclavage. Il existait des catégories d’esclaves venus d’Afrique, tels que les Babas, les Mandingues, les Créoles, etc. À partir des années 2000, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté un protocole appelé « Protocole relatif à la traite des personnes ».
Qu’en est-il d’Haïti ?
Suite à cette réflexion menée au sein de l’Assemblée générale de l’ONU, à laquelle Haïti a activement participé, l’objectif était de mettre en place un ensemble de lois pour lutter contre la traite des personnes.
C’est dans ce cadre qu’Haïti a adopté la loi de juin 2014 sur la lutte contre la traite des personnes. Selon lui, un autre aspect fondamental réside dans le fait que cela se fait de manière contraignante, lorsqu’on utilise la contrainte, un rapport de domination, un rapport de force pour amener la personne à accepter cette situation, cette négociation, en échange d’un bénéfice. Autrement dit, dans le but de l’exploiter.
Il s’agit de l’exploitation de la vulnérabilité d’un individu par d’autres qui en profitent pour le recruter, l’héberger, etc., souvent par des moyens coercitifs. Selon Me Gelin, pour parler de la traite des personnes, trois éléments essentiels doivent être mis en avant :
L’acte, qui comprend le recrutement, l’hébergement ou l’accueil des victimes. Le moyen, c’est-à-dire l’utilisation de techniques comme la contrainte, la tromperie ou une forme de négociation pour amener la personne à accepter la situation. La finalité, qui correspond à l’objectif recherché, que ce soit pour en tirer un profit financier ou pour exploiter la personne.
« Le chômage peut mener à la traite des personnes. En cas de guerre ou de conflit armé, ce phénomène continue d’exister. La traite constitue une atteinte grave aux droits humains, voire une forme de violence à leur encontre. C’est un phénomène profondément sociétal », conclut-il.
Modeline Youte
