Le collectif Défenseurs Plus a présenté, ce mercredi 19 novembre 2025, un rapport sur les conditions de vie des personnes déplacées internes dans quatre camps de déplacés, situés tous à Delmas. Une enquête menée de septembre à début octobre 2025 dans les camps de MSF, MAST, République de l’Équateur et MTPTC révèle une situation de vulnérabilité socioéconomique généralisée et lance un appel pressant aux autorités, au secteur privé et aux organisations non gouvernementales à agir sans délai.
En effet, Haïti est plongée dans une crise humanitaire, sécuritaire et institutionnelle d’une gravité inédite. L’aggravation de l’insécurité, caractérisée par la multiplication des gangs armés, des menaces, des enlèvements et des déplacements forcés, a profondément bouleversé la vie de millions de familles.
Ces violences, couplées à la défaillance systémique des institutions publiques, ont engendré un exode massif ades populations vers des sites spontanés ou des bâtiments transformés en camps de fortune dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, notamment à Delmas. Ces camps, initialement perçus comme des solutions temporaires, sont devenus des milieux de vie permanents où l’extrême précarité domine.
L’enquête menée de septembre à début octobre 2025 dans les camps de MSF, MAST, République de l’Équateur et MTPTC révèle une situation de vulnérabilité, avec une insalubrité chronique et un accès fortement limité aux services sociaux de base. Malgré la présence d’organisations humanitaires, les interventions sont souvent limitées par le manque de ressources et une coordination insuffisante, explique Ulrich Tintin, responsable juridique au sein du collectif. « La situation observée dans les camps constitue une rupture grave avec les obligations constitutionnelles et institutionnelles de l’État haïtien en matière de droits humains. »
La protection renforcée due aux femmes et aux enfants est bafouée. La recrudescence et l’impunité des violences basées sur le genre (VBG), y compris des viols au sein même des camps et des familles, violent la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF). Les conditions de vie menacent le développement physique et psychologique des enfants, compromettant leur droit à l'épanouissement, en violation de la Convention relative aux droits de l’enfant (CDE), alerte Myriam Jean, responsable de la cellule femmes et enfants au sein du collectif Défenseurs Plus.
En termes de recommandations et d’une feuille de route pour une réponse axée sur les droits humains, et à la lumière de ces constats, le Collectif Défenseurs Plus a émis quelques recommandations aux autorités publiques, aux organisations humanitaires et à la société civile :
Renforcer la protection des droits humains dans les camps en assurant l’accès à des services sociaux de base (eau, assainissement, santé, éducation), conformément aux engagements nationaux et internationaux. Promouvoir une meilleure coordination interinstitutionnelle entre les services sociaux, sanitaires et de sécurité. Enfin, mettre en œuvre sans délai un plan de relocalisation des familles déplacées dans des espaces viables et sécuritaires.
Gerard H. Resil
