Alors que le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) poursuit le processus de certification des magistrats, le Réseau national des magistrats haïtiens (RENAMAH) plaide pour plus de transparence et une finalisation rapide de cette démarche. Selon le magistrat Loubens Élysée, président du RENAMAH, la certification vise avant tout à s’assurer que les magistrats en fonction répondent véritablement aux critères d’intégrité, de compétence et de moralité exigés par le CSPJ.
S’exprimant sur le processus, le magistrat Loubens Élysée reconnaît que la certification constitue un exercice essentiel pour assainir le système judiciaire haïtien, mais il pointe du doigt certaines faiblesses dans les méthodes appliquées. « Il existe des faiblesses dans le processus, surtout au niveau des critères de sélection », a indiqué M. Élysée. Selon lui, les critères devraient être plus objectifs que subjectifs, notamment dans le cadre des enquêtes menées sur les magistrats.
Le coordonnateur du RENAMAH estime que les notions de moralité et d’intégrité, souvent évoquées dans les évaluations, peuvent prêter à interprétation. « Lorsqu’une enquête est menée, il peut arriver qu’une personne juge un magistrat non moral, tandis qu’une autre le considère comme intègre. Ces critères sont trop subjectifs. Il faut que les enquêtes soient plus rigoureuses et basées sur des faits concrets », a-t-il ajouté.
Tout en reconnaissant l’importance du processus, Maître Élysée appelle également à une approche humaine dans le traitement des dossiers des magistrats non certifiés. « Au sein du RENAMAH, nous avons toujours promis d’accompagner les magistrats qui n’ont pas été certifiés. Même si la loi ne prévoit pas de recours formel, le travail reste un travail humain, et l’erreur est possible », a-t-il expliqué.
Selon lui, certains magistrats peuvent avoir été écartés pour des fautes mineures ou de simples négligences. « Si ces magistrats estiment qu’ils ont été injustement non certifiés, nous sommes disposés, au niveau du RENAMAH, à les soutenir pour que le CSPJ puisse réexaminer leurs dossiers », a-t-il précisé.
« La certification doit servir à garantir l’indépendance des juges. Les magistrats ne travaillent pas pour eux-mêmes, ni pour le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire. Ils travaillent pour le pays, pour la population, pour le peuple haïtien », a-t-il insisté. Pour conclure, le magistrat estime que, malgré les défis et les critiques, la certification reste une bonne chose pour le système judiciaire haïtien. Cependant, il appelle les conseillers du CSPJ à faire leur travail de manière cordiale et objective, afin qu’aucun magistrat ne soit victime de favoritisme ou de rancune personnelle.
Vladimir Predvil
