Dans un contexte marqué par la montée de la violence et l’impunité généralisée, la communauté internationale ne cesse d’intensifier ses sanctions à l’encontre de personnalités haïtiennes soupçonnées de collusion avec les gangs armés. Ces mesures ciblant principalement des politiciens influents, des hommes d’affaires et des chefs de gangs, accusés de compromettre la paix et la stabilité dans le pays.
Malgré cette pression internationale, la justice haïtienne peine à engager des poursuites ou à appliquer des mesures concrètes contre les individus visés. L’absence de suivi judiciaire soulève des interrogations sur la volonté réelle des autorités locales de rompre avec les politiciens corrompus.
Depuis novembre 2022, le Canada a imposé des sanctions à plusieurs figures politiques haïtiennes, dont l’ancien président Michel Joseph Martelly, ainsi que les anciens premiers ministres comme Laurent Salvador Lamothe, Jean Henry Céant, entres autres, pour leur implication présumée dans des actes de corruption et leur soutien aux gangs.
Dans la foulée, les États-Unis, le Royaume-Uni et la République dominicaine ont adopté des mesures similaires, élargissant la liste des personnalités sanctionnées. En octobre 2022, l’Organisation des Nations Unies a adopté la résolution 2653, établissant un régime de sanctions visant les individus et entités menaçant la paix et la sécurité en Haïti.
Plus récemment, le Département du Trésor américain a sanctionné l’ancien officier du palais national Dimitri Hérard pour son rôle présumé dans le soutien à la coalition de gangs Viv ansanm. Dimitri Hérard a été lié, puis emprisonné par les autorités haïtiennes pour son implication dans l’assassinat crapuleux de l’ancien président Jovenel Moïse en juillet 2021. Depuis son évasion de prison en 2024, ce dernier collabore, selon les dires du Département du Trésor des États-Unis, avec l’alliance Viv Ansanm en apportant son soutien à de nombreux chefs de gangs par la formation et la fourniture d’armes à feu.
En outre, le chef de gang de Bel-Air, Kempes Sanon, a également été visé, identifié comme membre actif de l’alliance criminelle Viv Ansanm, classée comme organisation terroriste mondiale par le Département d’État américain le 2 mai 2025.
Le directeur de l’Office of Foreign Assets Control, (OFAC) du Département du Trésor des États-Unis, Bradley T. Smith a souligné que le rôle déterminant de ces chefs de gangs à savoir Dimitri Herard et Sanon Kempès permet à la coalition criminelle de mener sa campagne de violence, d’extorsion et de terrorisme dans le pays. Il a également annoncé que les États-Unis sont déterminés à tenir pour responsables les gangs terroristes violents qui mettent en danger le peuple haïtien.
Toutefois, ces sanctions pourraient sans doute, avoir des conséquences juridiques, financières et politiques majeures sur l'avenir des concernés.
Contacté, Me Samuel Madistin a souligné qu’il est irresponsable de parler de processus électoral dans le contexte sécuritaire actuel, tout en se gardant, pour l’instant, de trop se prononcer sur le sujet.
Par contre, en novembre 2022, la FJKL avait clairement déclaré que les personnes sanctionnées par la communauté internationale doivent être exclues des prochaines compétitions électorales, afin de garantir l’intégrité du processus démocratique.
Dans cette prise de position, la fondation avait souligné que les sanctions imposées par certains pays comme le Canada et les États-Unis représentent une opportunité pour Haïti de renforcer la bonne gouvernance et la reddition de comptes. Elle insistait aussi sur la nécessité d’écarter les personnalités compromises pour préserver la légitimité des institutions.
Likenton Joseph