Le directeur régional de l’Amérique latine et des Caraïbes de l’UNICEF, Roberto Benes, tire la sonnette d’alarme par rapport à l'effet combiné de la violence, de la malnutrition, des pertes d’apprentissage et de l’effondrement des services essentiels sur les enfants.
En 2025, plus de 3,3 millions d’enfants ont besoin d’une aide humanitaire urgente, alors qu’ils n’étaient que 3 millions en 2024. Le niveau d’insécurité sans précédent a conduit au déplacement de plus de 680 000 enfants, souvent à plusieurs reprises.
Selon le directeur régional, la crise qui touche Haïti ne s’explique pas par un événement unique, mais par des décennies de chocs successifs et par une instabilité chronique. La fragilité politique associée aux inégalités économiques, aux catastrophes naturelles et à l'affaiblissement des institutions a créé l’une des situations d’urgence humanitaire les plus complexes au monde.
Pour les enfants en Haïti, cette accumulation de crises est synonyme de lutte quotidienne pour la survie, d’écoles fermées, d’hôpitaux débordés et d’enfances écourtées par la violence, la négligence, l’exploitation et la faim. Si aucune mesure n’est prise, l’avenir de toute une génération est en péril.
« L’UNICEF appelle la communauté internationale à faire des enfants en Haïti une priorité, à agir avec l’empressement qu’exige la crise, et à y mettre les moyens nécessaires. Il est encore temps de protéger les enfants et de mettre un terme à la funeste spirale dans laquelle est engagé le pays. »
Dans un document rendu public et s’appuyant sur les données, les rapports de terrain et les analyses sectorielles les plus récentes, l’UNICEF lance un SOS concernant l’ampleur de la crise qui touche les enfants. Il offre un aperçu des menaces sans précédent auxquelles ils sont confrontés et présente les mesures urgentes nécessaires pour leur protection ainsi que leur accès à la nutrition, aux soins, à l'eau et à l'assainissement, à l'éducation et à d'autres services essentiels, afin de leur redonner espoir.
« Haïti est confronté à une polycrise, une situation dans laquelle l’effondrement d’un secteur exacerbe les problèmes des autres : la malnutrition progresse lorsque les services de santé s’écroulent, le choléra se propage sur les sites pour personnes déplacées dépourvus d’accès à de l’eau potable, et la désorganisation du système éducatif accroît la vulnérabilité des enfants au recrutement et à l'exploitation. »
Le financement humanitaire est extrêmement faible : en juin 2025, l’appel en faveur de l’action humanitaire pour les enfants de l’UNICEF en Haïti n’avait permis de réunir que 13 % des fonds demandés, soit une somme bien inférieure à celle nécessaire pour répondre aux besoins croissants en matière de malnutrition, de déplacement et de protection. Si des ressources ne sont pas trouvées de toute urgence, des programmes essentiels, notamment pour la protection de l'enfance, la santé, la nutrition, l’eau et l’assainissement, et l’éducation, resteront considérablement limités, a tristement expliqué M. Benes.
L’UNICEF continue d’exhorter la communauté internationale et les acteurs concernés en Haïti à prendre les mesures urgentes suivantes afin de protéger les droits des enfants, de garantir leur sécurité et leur bien-être :
D’abord, rétablir et protéger l’accès à l'aide humanitaire. Augmenter immédiatement le niveau et l’étendue du financement de l’aide humanitaire. Rétablir et protéger les services de base.
Gérard H. Résil