Alors que s’ouvrent les débats généraux de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, du 23 au 29 septembre 2025, Haïti se retrouve une fois de plus au cœur des préoccupations sécuritaires et humanitaires mondiales. Mais peut-elle réellement tirer son épingle du jeu dans ce grand théâtre diplomatique?
Depuis plusieurs années, la situation en Haïti demeure alarmante. Déployée il y a près de deux ans, la Force multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), dirigée par le Kenya, peine à contenir l’emprise des gangs armés. Malgré les efforts déployés, ces groupes continuent de semer le chaos dans plusieurs quartiers de la capitale et dans certaines villes de province.
Lors de l’ouverture des discussions à l’Assemblée générale, le président kényan William Ruto a souligné que la mission opère à seulement 40 % de ses effectifs prévus, avec un matériel souvent défectueux fourni par les États-Unis.
« Le MMAS a franchi ces étapes importantes alors qu'il n'opérait qu'à 40 % de ses effectifs prévus, sans personnel complet, sans soutien logistique adéquat. Même sous ces contraintes, les gangs, lâches par nature, ont battu en retraite lorsqu'ils ont été confrontés», a déclaré le président Ruto à la tribune de l’ONU.
Le mandat de cette mission devrait prendre fin dès la première semaine d’octobre. Le président kényan a également salué le courage des forces engagées, tout en dénonçant les lacunes logistiques persistantes. Il a rappelé que, malgré leur puissance, les gangs ont reculé face à une résistance organisée, bien que la situation reste fragile. Ces groupes armés profitent régulièrement des failles opérationnelles pour renforcer leur emprise.
Par ailleurs, les États-Unis et le Panama plaident pour la mise en place d’une nouvelle force internationale, cinq fois plus importante que la MMAS actuelle, capable d’intervenir de manière autonome afin d’éradiquer les gangs. Ce projet, soutenu activement par le Panama, vise une approche plus radicale.
L’adoption de cette résolution pourrait être bénéfique pour Haïti, à condition que les critères essentiels soient respectés. Toutefois, si la mission actuelle n’a pu déployer qu’un millier de soldats sur les 2 500 prévus, des doutes subsistent quant à la faisabilité des 5 550 hommes proposés par Washington et Panama.
Le président Ruto a également pointé du doigt l’état déplorable des véhicules blindés fournis par les États-Unis: souvent en panne, mal équipés, et parfois responsables d’incidents mortels parmi les policiers kényans en mission.
En attendant l’allocution du président du Conseil présidentiel de transition, Laurent Saint-Cyr, prévue pour le 25 septembre, la décision concernant l’éventuelle mise en place d’une nouvelle force étrangère reste en suspens, dans les coulisses diplomatiques.
Likenton Joseph