Le Centre d'analyse et de recherche en droits de l'homme (CARDH) a tenu, ce lundi 28 juillet 2025, sa quatrième et dernière session de la table sectorielle sur la sécurité, autour du thème : « Forces de sécurité nationale et multinationale en Haïti défis et perspectives ». Une séance qui met un accent particulier sur les défis qui empêchent les forces de sécurité nationale de répondre amplement à leurs missions.
La dernière session de la Table Sectorielle sur la Sécurité (TSS) a rassemblé des personnalités issues de différentes sphères de la société haïtienne. Cette première série de discussions, déroulée en quatre étapes différentes, dont chacune a été animée par des sujets relatifs à la sécurité, constitue un cadre de dialogue stratégique réunissant les institutions étatiques en charge de la sécurité, des représentants d’organisations de défense des droits humains ainsi que des acteurs de la société civile.
Le directeur exécutif du CARDH, Gédéon Jean, dans ses propos de circonstance, a indiqué que cette séance vise particulièrement à dégager une coopération théorique et surtout pratique face à l’insécurité en Haïti, sous l’angle de l'État de droit et des droits humains. Il a précisé qu'elle s'est déroulée autour d'une analyse des insuffisances systémiques et culturelles de la Police nationale et de la mission multinationale de soutien à la sécurité, afin de mieux comprendre l'inadéquation qui existe entre les actions engagées et le développement vertigineux de l'insécurité en Haïti ainsi que l'extension stratégique des gangs.
« À travers cette conférence, nous, les organisations de droits humains et de la société civile, voulons comprendre où se trouve le problème et quelles sont les dispositions manquantes pour rétablir la sécurité dans le pays et permettre à la population d'exercer ses droits fondamentaux», a insisté Me Jean.
Le défenseur des droits humains a déploré la dégradation de la situation sécuritaire, rappelant que les infrastructures de l'État sont attaquées de manière systématique, que les forces de sécurité peinent à rétablir la sécurité, que les bandits humilient les policiers et que les gangs figurent sur la liste des organisations terroristes étrangères. Fort de toutes ces considérations, il préconise le renforcement des capacités des forces de sécurité haïtiennes et de la MSS, essentielles pour restaurer un climat de paix durable.
Présent à cette rencontre, le Premier ministre, Alix Didier Fils-Aimé, a évoqué son rôle prépondérant dans la lutte pour rétablir la sécurité afin de permettre aux Haïtiens de vivre dans la tranquillité et dans la dignité. Il a, en outre, souligné ses efforts continus pour endiguer la crise sécuritaire et réaffirmé l’engagement de l’État pour la sécurité nationale.
Le représentant du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, Arnaud Royer, a relaté les défis constants auxquels font face la Police nationale et la mission multinationale d'appui à la sécurité. Cependant, il rappelle que la sécurité ne se mesure pas uniquement par l'éradication de la violence visible mais aussi par la capacité de l'État à garantir à chaque citoyen le plein exercice de ses droits.
M. Royer estime que certaines actions doivent guider les efforts collectifs. D’une part, la dotation de la PNH de moyens conséquents et adaptés à la conjoncture actuelle. D’autre part, la poursuite du renforcement de l'appareil judiciaire, notamment à travers l'installation effective des postes judiciaires spécialisés, l'intégration systématique des droits de l'homme dans toutes les opérations de police, le renforcement de l'Inspection générale de la police afin que ses enquêtes puissent être menées à terme, ainsi que le renforcement du lien social entre la police et la population.
Il a invité tout un chacun à poser des bases sécuritaires solides, tout en espérant que cette coopération entre les forces nationales et internationales ne soit pas qu'un simple déploiement mais une opportunité de refondation et de développement.
Sheelove Semexant
