Le Centre d’Analyse et de Recherche en Droits Humains (CARDH) lance un appel à la conscience, à la responsabilité et à l'action de la part des acteurs haïtiens en vue de sortir le pays de la crise. Selon l'institution, la désignation de la coalition Viv Ansanm et de la base Gran Grif comme organisations terroristes par les États-Unis peut empirer davantage la situation humanitaire et sécuritaire du pays.
D’après le CARDH, Haïti est sur le point d’obtenir le « statut » international d’un pays dont la capitale, notamment une bonne partie des départements de l’Ouest et de l’Artibonite, est contrôlée par des terroristes qui, de plus, s’apprêtent à étendre leur contrôle à d’autres départements comme le Centre. En ce sens, la reconnaissance par les États-Unis de la coalition Viv Ansanm et de la base Gran Grif comme organisations terroristes pourrait provoquer une radicalisation accrue des actes criminels et le ralliement des gangs à de « véritables » groupes terroristes en Haïti.
Par ailleurs, les personnalités politiques et économiques ainsi que les dirigeants sanctionnés par les Nations Unies, le Canada et les États-Unis pourraient voir leurs noms figurer sur la liste de ceux qui financent le terrorisme. Sur le plan économique, un isolement accru de l’économie haïtienne déjà inscrite sur la liste grise du GAFI est à craindre. La République dominicaine pourrait, quant à elle, poursuivre ses objectifs de domination vis-à-vis d’Haïti.
Sur le plan diplomatique, la situation d'Haïti en tant que territoire occupé par des groupes terroristes pourrait être bénéfique pour les États-Unis, selon le CARDH. Cette décision pourrait renforcer leur influence politique en Haïti et dans la région, influence souvent contournée au Conseil de sécurité par la Chine et la Russie ces dernières années. Il pourrait s’agir d’un des objectifs stratégiques poursuivis par le gouvernement américain, lui permettant d’agir unilatéralement dans le pays. Cette mesure fait écho au discours de Donald Trump devant le Congrès en mars dernier, annonçant « un retour en force comme le monde n’en a jamais connu et n’en connaîtra peut-être jamais plus ». Ainsi, dans le cadre de l'application de leur politique préventive contre le terrorisme, les États-Unis pourraient désormais intervenir en temps utile sur le territoire haïtien.
Sur le plan migratoire, la désignation de Viv Ansanm (Vivre Ensemble) et de Gran Grif (Grande Griffe) comme organisations terroristes étrangères pourrait servir de levier au durcissement de la politique migratoire de Trump à l’égard d’Haïti, entraînant déportations et restrictions de visas.
Selon les observations du CARDH, il y a urgence pour que les acteurs haïtiens, tous secteurs confondus, se préoccupent de l’avenir du pays. « Considéré aujourd’hui comme un territoire abritant des groupes terroristes, aucun acteur, qu’il soit politique ou social, ne devrait se réjouir de cette décision, qui résulte d’ailleurs de l’action politique en Haïti utilisant la violence et la vulnérabilité de la population comme levier pour l’accession au pouvoir ou son maintien », a rappelé l’organisme de défense des droits humains.
Un appel est donc lancé afin que les dirigeants haïtiens sortent de leur mutisme et de leur attentisme. Le CARDH lance un cri d’alarme pour une prise de conscience, afin que les décideurs de la nation agissent de manière responsable pour sortir le pays de son malheur.
Oberde Charles