Les déplacés hébergés dans plusieurs centres d’accueil du centre-ville demandent aux dirigeants de l'État ainsi qu'aux forces de l'ordre de prendre des mesures pour leur permettre de rentrer chez eux. Leur objectif est de libérer ces centres éducatifs avant la réouverture des classes prévue pour le mois d'octobre.
Alors qu'une nouvelle année académique se profile à l'horizon, des écoles publiques accueillent toujours des habitants de Carrefour-Feuilles et d'autres zones de la région métropolitaine de Port-au-Prince, sous le contrôle de gangs depuis des mois.
Dans un mois exactement, les écoliers devraient retourner en classe pour recevoir le pain de l'instruction. Cependant, dans un contexte où des centaines de personnes sont hébergées dans des écoles nationales et des lycées, la reprise des activités éducatives dans ces espaces paraît quasi impossible.
Malgré les promesses du nouveau ministre de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle (MENFP), le professeur Antoine Augustin, concernant la prise en charge des déplacés vivant dans des camps de fortune, aucune mesure n'a été adoptée jusqu'à présent pour libérer ces espaces et permettre aux élèves de reprendre les cours.
Remplis de dizaines de familles, les locaux de l'école nationale Colbert Lochard sont en cours de réparation dans le but de refonctionner pour l'année académique 2024-2025, après avoir été fermés l'année précédente. Les toits ont été recouverts, les salles réaménagées, et les membres de la direction ont commencé à enregistrer des inscriptions pour le cycle fondamental.
« Les responsables de l'établissement nous ont donné un délai de 15 jours pour quitter les lieux, sans nous dire où nous pourrions aller, car retourner chez nous n'est pas une option en raison du grand banditisme qui sévit dans la deuxième circonscription de Port-au-Prince (Carrefour-Feuilles) », a déclaré un jeune homme accompagné de ses amis, également hébergés dans ce camp.
Plus loin, les déplacés critiquent les autorités qui les ont méprisés depuis plus d'un an. Ils n'ont reçu aucune aide des deux gouvernements, celui dirigé par le neurochirurgien Ariel Henry et l'actuel dirigé par le Dr Garry Conille. Leur seul souhait est de retourner chez eux à Carrefour-Feuilles.
« Ce que nous demandons à l'État, c'est de traquer ces malfaiteurs, de récupérer la zone et de mettre en place des dispositifs de sécurité à Carrefour-Feuilles afin que nous puissions rentrer chez nous malgré nos énormes pertes », a déclaré un homme d'une quarantaine d'années.
Quant aux déplacés hébergés dans les locaux du lycée Marie-Jeanne à Bois-Verna, aucune date n'a été fixée pour leur départ. Ils disent n'avoir constaté aucune démarche visant à les reloger.
« Nous souhaitons quitter cet espace pour permettre aux enfants de retourner à l'école, mais nous n'en avons pas encore les moyens nécessaires. Nous sommes ici depuis longtemps, et la situation devient chaque jour plus difficile. Nous n'avons pas de quoi nous nourrir, nous avons tout perdu. Nous aimerions rentrer chez nous, mais l'État doit prendre toutes les mesures possibles pour nous aider à partir d'ici. Personne ne peut prendre le risque de retourner à Savane Pistache, Descahette, pour ne citer que ces endroits », a ajouté un jeune homme, espérant une réponse concrète des autorités étatiques.
Yasmine Sanon
