Le GARR s'inquiète du sort des migrants haïtiens à la suite des hostilités lancées par le président dominicain

Le Groupe d'appui aux rapatriés et réfugiés (GARR) exprime sa consternation face à la décision du gouvernement dominicain de fermer toutes ses frontières avec Haïti, ce vendredi 15 septembre 2023, en représailles à l'initiative des habitants du département du Nord-est de faire une prise à la rivière Massacre. La plateforme dit craindre que cette tension entre les deux pays ne complique davantage la situation des migrants haïtiens en terre voisine.

Cette fermeture risque d'augmenter le nombre de voyageurs clandestins vers le territoire voisin, estime le GARR, soulignant que la décision de fermer les frontières ne concerne que les points frontaliers officiels. Quant aux points frontaliers non officiels, ils restent accessibles au passage des migrants. «La contrebande, la traite des humains demeurent dans le domaine du possible et on ne pourrait avoir plus aucun contrôle sur les activités migratoires», a regretté la coordonnatrice de GARR, Katia Bonté.

Elle rappelle que le flux des rapatriements des Haïtiens ne fait que multiplier depuis novembre 2022, pour atteindre un pic élevé au milieu de l'année 2023. Le GARR souligne que toutes les tranches d'âge, même les personnes qui détiennent des documents de voyage légaux, ne sont pas exemptes de cette campagne d'expulsion lancée par le gouvernement dominicain.

La responsable en a profité pour exprimer ses vives préoccupations par rapport au nombre croissant de cas de maltraitances physiques, de déportations illégales et arbitraires, ainsi que de violations des droits des Haïtiens, qui pourraient s'intensifier suite à cette tension. De plus, d'énormes difficultés pourraient se présenter aux professionnels, aux étudiants et aux autres personnes dont les documents de voyage seront arrivés à leur échéance et qui souhaiteront les renouveler.

Face à toutes ces éventualités, le GARR invite le gouvernement haïtien à prendre des mesures afin de protéger et d'encadrer les citoyens haïtiens qui résident sur le sol dominicain contre les actes de représailles, les discours provocateurs, haineux proférés à leur égard.

Dans cette même lignée, il encourage les habitants du département du Nord-est à poursuivre les travaux de canalisation de la prise à la rivière Massacre afin de rehausser le secteur agricole et d'obtenir leur indépendance agricole et financière, soulignant que le protocole d’accord du 20 février 1929 intitulé :« Traité de paix, d'amitié et d'arbitrage», en son article 10 donne le plein droit aux deux pays de faire bon usage de leurs ressources naturelles communes.

De plus, précisent les responsables du GARR, la déclaration conjointe entre l'État haïtien et l'État dominicain en date du 27 mai 2021 avait reconnu que les prises effectuées sur la rivière Massacre ne représentent et ne représenteront aucun dommage sur le débit et sur le trajet de l'eau. «Des études scientifiques l'avaient clairement prouvé, si cela représente aujourd'hui un danger les Dominicains devraient, à travers des études scientifiques le prouver dans le cas contraire, Haïti est dans son droit d'effectuer des prises», a déclaré Katia Bonté. 

Le GARR rappelle que les dirigeants dominicains ont cette mauvaise manie de mépriser et d'interpréter à leur sens les protocoles, les accords, les déclarations auxquels les deux pays ont souscrit, en se référant aux traitements infligés aux Haïtiens, lors de leur expulsion. Ainsi,il demande aux autorités haïtiennes de soutenir la démarche des paysans et de faire également en sorte que les clauses des accords soient respectées entre les deux parties dans le respect de leur souveraineté.

 

Sheelove Semexant

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