Rentrée scolaire: entre galère sécuritaire et marasme économique

La rentrée scolaire de cette année se fait sur fond de graves crises socio-économique et sécuritaire. En dépit du fait que l'année scolaire soit officiellement lancée par les autorités,  les parents peinent à répondre à l'appel. Contactées par Le National, l'Association professionnelle d’écoles privées et la Confédération nationale des éducateurs et éducatrices D'Haïti (CNEH) ont exprimé leur désarroi face à cette rentrée des classes impactée par la crise sécuritaire, notamment dans la capitale haïtienne et dans le département de l'Artibonite.

Cette année, la rentrée scolaire se fait dans un contexte particulièrement inédit. Hormis les établissements scolaires publics servant d'abris temporaires aux déplacés forés par la violence des gangs, la majorité des  écoles privées n'ont pas pu non plus fonctionner. On peut compter sur le bout des doigts le nombre d'écoles ayant rouvert leurs portes.

«Les établissements de Carrefour-Feuilles, de Tabarre, de l'Artibonite, de Nazon n'arrivent pas à rouvrir leurs portes, c’est vraiment une rentrée de classe catastrophique», a martelé la présidente de l'Association professionnelle des écoles privées, Marguerite Clérié.

Selon l'institutrice, peu d'enfants ont fait acte de présence au sein des institutions qui ont rouvert leurs portes pour la rentrée. Elle se dit sceptique en ce qui concerne l'effectif pour cette année scolaire, en raison d'une quantité insuffisante de demandes d'inscription. La situation sécuritaire, dit-elle, a contraint pas mal de parents d'élèves à laisser le pays ou du moins leurs quartiers résidentiels.

En conséquence, certains dirigeants d'école sont obligés de fusionner des classes de niveau différent.  Ceux qui  avaient réparti des classes en plusieurs salles ont réduit le nombre de salles. «Ils se trouvent obligés de reviser leurs modes de fonctionnement, la plupart des écoles privées ont perdu près de 50 à 60 % de leur effectif, elles ne peuvent pas rémunérer un enseignant pour une salle de 10 élèves», a confié madame Clérié.

Cette situation a de lourdes conséquences sur l'économie des écoles privées, a indiqué Magalie Georges, secrétaire générale de la CNEH, soulignant les nombreuses difficultés que vont rencontrer certains établissements qui déjà faisaient face à d'énormes embûches pour payer les employés en raison de l'incapacité des parents à payer la scolarité de leurs enfants.

Cette réalité affecte également le travail des professionnels en éducation qui se sont vus licenciés. «Des écoles ont réduit le nombre de leurs employés, bon nombre de professeurs se retrouvent à présent au chômage en raison des enfants qui ne peuvent pas fréquenter les établissements, mais aussi des institutions qui sont délogées ou même abandonner leurs missions à cause de l'insécurité», a déclaré Magalie Georges, secrétaire générale de la CNEH.

Tout en critiquant l'inaction du gouvernement face à cette situation de crise et qui n'a rien fait pour favoriser une bonne rentrée scolaire, les éducatrices invitent les parents à consentir plus de sacrifices et d'efforts pour permettre aux enfants de regagner leurs salles de classe. Elles appellent également au soutien de tous les secteurs du pays afin que cette année soit une réussite pour les enfants. 

 

Sheelove Semexant

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