Otages

Cité Soleil vit dans l’ombre menaçante d’un fragile cessez-le-feu entre bandes rivales.La guerre des gangs a tout simplement pris d’autres proportions cette semaine. Depuis quelque temps, quand les armes se taisent un moment dans une localité, c’est tout simplement parce que l’épicentre des affrontements se déplace au gré des mouvements tactiques des belligérants.Les combats ne font que se poursuivre dans d’autres parties de la ville. On n’assiste pas une guerre classique ou certaines règles essentielles du droit international humanitaire seraient respectées. Selon la Convention de Genève  : La protection de ceux qui ne combattent pas comme les civils, le personnel de santé ou les travailleurs humanitaires doit être assurée  ; il est interdit de prendre des civils pour cibles, ce qui est considéré comme un crime de guerre. Selon leComitéinternational de la Croix rouge, le CICR :Toutes les précautions doivent être prises pour épargner les civils et éviter de détruire leurs habitations ; les véhicules sanitaires et les hôpitaux affectés à des tâches humanitaires ne peuvent être attaqués. Or ces violences auxquelles la population est exposéen’épargnent personne. Tout se passe comme si une folie meurtrières’était emparée de toute la ville.

  Les victimes directes et indirectes ne se comptent plus. La guerre dans sa brutalité embrase désormais tout le centre-ville, et les balles perdues tombent ou ricochent dans un rayon s’étendantjusqu’au quartier du Canapé-vert.

Le centre névralgique du pouvoir est sous le feu permanent des civils armés.La cathédrale provisoire à demi incendiée, des tribunaux livrés au pillage. Nous n’avons jamais atteint un tel degré d’anarchie ! Une forme de « voyoutocratie » s’est installée au grand jour disposant d’une force armée et défiant les autorités locales et régionales. Ces gangs proclament au cœur de l’Amérique à vol d’oiseau de la Floride, le règne de la terreur.

Quand on pense à l’énergie avec laquelle, les Occidentaux ont combattu toutes les formes de terrorisme, on a du mal à croire que l’on puisse prendre autant de tempsdans un « calbindage » diplomatique,  face à un tel cas de conscience pour le monde entier.

Des opérateurs étrangers disent non sans un certain cynisme dans des rencontres célébrant l’amitié entre nos pays : « vous n’avez pas encore atteint le fond » !

Une affaire haïtienne en vérité qui réclame de tous un supplément d’âme. Cependant, les autorités en place font du surplace et en face on n’est pas mieux. Dès lors, les gens ne se soucient guère de ces interminables et stériles négociations et se démènent entre fuite et survie.

Tout un peuple est donc pris en otage d’une crise sans précédent et qui consume la nation tout entière.

Roody Edmé

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