La violence de l’intelligence !

Dans des expériences personnelles, comme dans des activités professionnelles et même dans les  hautes sphères de la politique, depuis toujours, surtout en Haïti, l’intelligence, tout  comme l’opposition, finit toujours par gagner.

Le chaos qui définit la norme actuelle dans la société haïtienne. À partir de 2018, les mouvements de pays lockavaient confirmé une certaine vengeance collective de la part des couches les plus défavorisées, marginalisées et des plus vulnérables de la société haïtienne. Tout en rappelant la formule qui avait aidé à préparer la stratégie de mobilisation pour aboutir à la Guerre de l'Indépendance haïtienne: « En cas de révolution, la classe des esclaves n’avait rien à perdre, et pratiquement tout à gagner ».

De 1986 à nos jours, cette formule continue de suivre sa route, non pas dans les discours, mais surtout dans les intentions, les comportements et les actions manifestés en temps de paix comme en temps de crise.

D’un côté, on assiste à une forme de violence de l’intelligence et de l’autre côté, on revient sur le développement d’une forme d’intelligence de la violence en Haïti.

Chez les élites, toutes les catégories confondues, composées des personnes les mieux formées et les plus avancées au niveau des études supérieures, avec des expériences professionnelles souvent partagées entre les institutions locales et les organisations internationales, on assiste pourtant à l’application de cette forme de violence de l’intelligence.

Dans la présentation de certains services, en passant par l’importation de certains produits qui ne respectent pas toujours les normes, et parfois même qui portent les inscriptions « pour une consommation spécifiquement haïtienne », c’est comme une démarche qui traduit une forme de violence acceptée par l’ensemble des intelligences placées au sommet des plus importantes institutions étatiques, placées pour protéger et servir, instruire et garantir le meilleur niveau de vie à la population.

Des discours sont prononcés en français, pourtant destinés aux masses qui n’ont que le créole pour apprendre, comprendre, entreprendre, se défendre et faire entendre leurs voix. Cette violence de l’intelligence va certainement se manifester dans l'élaboration et la planification des politiques publiques en Haïti, autant que dans les choix des dirigeants et souvent des membres du gouvernement.

Dommage, que ce sont ces mêmespersonnes, originaires de la province, qui une fois arrivées en poste, vont souvent négliger et oublier les besoins et les attentes de ces leurs zones d’origine, par ignorance (pardon), par la vengeance de cette forme d’intelligence amnésique, incapable de les rappeler, qu’il faudratôt ou tard revenir à ses racines pour trouver l’énergienécessaireaprès chaque combat, chaque bataille et chaque étape de la vie.

Devant un tel constat et par la force des choses, ces villes méprisées dans le budget d’investissement de la République de Port-au-Prince, et ces communautés marginales vont finir par s’habituer et s’adapter, pour mieux s’organiser dans l’assistance, venant parfois ou rarement de la capitale, tout en construisant cette nouvelle forme de vengeance de l’intelligence.

Dans la situation dramatique que connaît la République de Port-au-Prince depuis plusieurs mois, avec les crimes institutionnalisés et les violences de toutes sortes imposées par les groupes armés, on peut facilement compter sur la main d’un manchot, les rares interventions, et tentatives de mobilisation ou même une simulation de solidarité manifestée par les villes de province envers la capitale haïtienne. Beaucoup moins que l'élan de solidarité manifestée au lendemain du séisme du 12 janvier 2010,  les familles et les communautés qui composent le pays en dehors dans sa globalité et sa diversité, en Haïti, sont devenues assez intelligentes pour comprendre les raisons de cette violence institutionnalisée en Haïti, et les leviers qui manipulent l'intelligence, la violence et la vengeance entre les groupes de la société.

De la violence des élites contre l’intelligence des classes moyennes, ce sont les masses qui finiront un jour par se venger des deux autres, qui n’ont jamais tendu la main pour la sortir de la crasse. Et malheureusement, une fois arrivées au pouvoir, des masses sans intelligence ne disposent que de la violence comme seule boussole. Pour bâtir quoi véritablement, certainement pas des institutions encore moins une société équitable et prospère ?  Plus que jamais, l’intelligence, comme la violence, et même la vengeance, devrait changer de camp et de saison, pour que la vie reprenne à l’horizon.

Dominique Domerçant  

 

 

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