De l’accompagnement psychosocial pour les écoliers haïtiens en 2022... !

Des filles d'un lycée de la capitale haïtienne ont été agressées au sein même de leur établissement scolaire, par des groupes de jeunes, qui voulaient les inviter, de préférence, les contraindre à les rejoindre dans une manifestation contre l'insécurité.

Dommage pour ces dernières, qui n’avaient pas été informées la veille, et qui par peur d’augmenter la liste des prochaines victimes des actes de violence et d'insécurité, trouvaient mieux de se concentrer sur les prochaines épreuves académiques prévues dans une semaine.

De la raison du plus fort ou du plus violent ou intriguant, s’est ainsi imposé un climat de peur durant cette sombre journée bouclée sur fond d’agression et d’affrontement entre des jeunes victimes de tout, de trop !

Des semaines avant ce drame, elles étaient déjà nombreuses ces adolescentes qui affirment ne pas avoir le mental pour poursuivre l'année académique, selon le témoignage de certains professeurs, à cause de la peur de sortir dans les rues pour se rendre à l'école, les mauvaises nouvelles qui pleuvent sur tout le parcours, dans les transports en commun et sur les réseaux sociaux. Enfin le grand flou règne entre ce qu’on leur apprend dans le curriculum du système éducatif haïtien, par rapport aux véritables connaissances et compétences indispensables pour réussir ou s’enrichir parfois dans l'Haïti de nos jours, ou comme modèle de réussite imposé dans le chaos social actuel.

Devant ce triste tableau, ces jeunes s'épuisent à un point tel, qu’ils et elles, ne peuvent même pas en parler à leurs parents, aux rares professeurs qui peuvent leur accorder un minimum d’attention. Avec leurs camarades de classe, ces jeunes ruminent en permanence des complaintes, des témoignages de certains actes de violence ou criminels dont ils sont parfois les victimes, les témoins ou les proches des victimes.

Dans moins de trois mois, ces jeunes filles et garçons seront nombreux à boucler l'année académique 2021-2022, dans le pays de Jacques Stephen Alexis.  Une nouvelle cohorte de plus qui va par tous les moyens tenter de s’assurer d’une certaine réussite scolaire, même si au fond il reste beaucoup de lacunes à combler dans l’apprentissage de ces derniers.

Des services de santé pour quoi faire dans les écoles en Haïti ?  Quelle collaboration possible entre l'école, la famille et la communauté dans sa globalité, pour l’accompagnement psychosocial des enfants, des écoliers et  des jeunes en Haïti ?

Découvrir les signes les plus importants du mal-être de l'écolier haïtien, c’est résoudre pratiquement à moitié ce grave problème qui affecte, de manière presque irréversible, la majorité des jeunes en Haïti. Dans la cour de récréation comme dans la salle de classe, dans les couloirs, les toilettes, à la maison ou dans les rues, les signes d’agitation, des pleurs fréquents, la tristesse, le repli sur soi, la déconnexion du monde extérieur, l'agressivité, l'irritabilité, les difficultés de concentration, ou de la non-disponibilité cognitive, entre autres, figurent parmi ces symptômes à la fois visibles et invisibles chez les écoliers, qui imposent une assistance psychologique en toute urgence, afin d'éviter le pire !

Des besoins certainement sont à combler, autant pour le simple citoyen, les parents ainsi que leurs enfants. De l'écoute au dialogue, en passant par les multiples formes d’accompagnement, d’animation, de séance de motivation ou d’animation autour de l’art thérapie, l’État haïtien, l’ensemble des acteurs du système éducatif, les parents les plus avisés et les institutions spécialisées dans l'éducation, la santé et les services psychosociaux,  devront tout faire pour éviter la propagation de cette détresse réelle, progressive, invisible en cours dans le système éducatif haïtien, pendant qu’il est encore temps.  

Dominique Domerçant

 

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