Les mois s’écoulent plus vite qu’on ne le pense, et l’on se rapproche inexorablement de la date fatidique du 7 février 2026, moment où un président élu devrait entrer en fonction. Or, rien ne nous permet aujourd’hui de croire sérieusement que cette échéance sera respectée. L’absence de consensus politique, la méfiance généralisée entre les acteurs, la montée en puissance des groupes armés et l’incapacité de l’État à garantir la sécurité créent un climat d’incertitude totale.
Malheureusement, depuis quelque temps, certaines dates importantes de notre histoire, qui devraient être synonymes d’unité nationale, d’espérance et de rupture avec un passé honni, se sont transformées en instants d’angoisse collective, de divisions et de fragilité institutionnelle. Si cette tendance se poursuit, le 7 février risque de devenir une nouvelle source de conflit, d’instabilité et de désespoir pour un peuple déjà épuisé par la souffrance.
Chaque fois qu’il y a changement de gouvernement, il ne s’agit plus seulement de manifestations ou d’émeutes, comme jadis. Désormais, ce sont des groupes armés qui profitent de l’instabilité pour occuper davantage de territoires, fragilisant encore plus l’État et mettant en péril la sécurité des citoyens.
À quelques mois du 7 février, il est donc crucial pour les acteurs politiques d’anticiper toute forme de chaos. Nous sommes déjà profondément engagés dans le malheur collectif, et nous ne pouvons plus nous permettre d’aggraver une situation devenue intenable. La responsabilité du gouvernement est immense : il n’a guère d’autre choix que de convoquer un véritable dialogue national, inclusif et sincère, afin de préparer une passation de pouvoir crédible, honnête et respectueuse de la souffrance du peuple.
Ignorer cette urgence, c’est exposer le pays à de nouvelles violences, à un effondrement institutionnel et à un désespoir accru de la population. En revanche, saisir cette occasion pour écouter toutes les voix, bâtir un consensus – un vrai, c’est-à-dire sans coup fourré – et restaurer la confiance peut ouvrir la voie à une stabilité durable et à la reconstruction nationale. Le temps passe et le peuple n’en peut plus.
Roody Edmé