Octobre comme septembre !

Encore une fois, les autorités en place ont renvoyé la rentrée scolaire pour la première semaine du mois d’octobre.

C’est une mesure démagogique parce qu’elle ne change rien à la situation de la majorité des parents qui se trouvent dans une situation difficile, voire inextricable. Les responsables d’école en l’absence de toute gouvernance profitent pour gruger les parents, prétextant qu’eux aussi ils ont des frais énormes à couvrir ce qui est un peu vrai. Mais, cela n’explique pas leur cynisme sans pareil dans certains cas. Les prix augmentent partout sur le marché alors que les rentrées des ménages restent les mêmes si elles ne diminuent pas.

Outre les frais scolaires, le transport, la fameuse boite à lunch – fè bwat -- sera l’autre casse-tête, surtout pour les parents des petits. Même si certaines écoles raflent une somme pour la cantine, la cantine ne porte que le nom. C’est l’endroit où les enfants iront ouvrir leur boite pour se restaurer. Une boite qui peut coûter bien cher surtout qu’il y a parfois une compétition entre les mères pour savoir qui préparé la meilleure boite pour son enfant. Le regard de la direction est important aussi dans ce cas. La boite, du pate kòde à la pomme en passant par le sandwich au jambon, permet de placer le parent sur l’échelle sociale. Bref ! Sauf que l’argent dépensé pour la boite peut dépasser au total le montant de l’écolage pour le mois.

Octobre sera donc là bientôt sans que rien n’ait changé parce qu’on a évité septembre. Les parents n’auront eu que l’illusion de souffler. C’est de cette illusion que se nourrit la démagogie gouvernementale.

Notre pays se fige dans une désolante singularité. Comme l’a fait remarquer avec justesse un commentateur, Haïti est l’un des rares pays où les enfants ne vont pas à l’école en septembre. Pendant ce temps, les citoyens constatent jusqu’à présent une absence de volonté pour s’attaquer au problème de la délinquance généralisée. Au niveau des discours, on fait de belles promesses. Mais dans la réalité, des voies de communication sont tenues ou menacées constamment par des bandits. Des centaines d’écoles dans la région métropolitaine ne peuvent pas fonctionner. Ne parlons pas de nos lycées et surtout pas de nos écoles nationales dans un état pitoyable, même si ce pitoyable état reflète le kokoratism de nos dirigeants.

Nous vivons un désastre total au niveau de la gouvernance et ce désastre se reflète dans tous les aspects de notre quotidien. Pour s’en sortir, il sera impératif de chasser les voyous et les délinquants de l’appareil d’État. Comme on dit dans notre langue nationale, pa gen wout pa bwa.

Gary Victor

 

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