Les poubelles pleines

Les images de destruction des quartiers du bas Delmas de Solino ont choqué.

Pourtant, en dépit de la violence ainsi affichée, démontrée, ces destructions ne se différencient pas de celles de Martissant et d’autres quartiers.

De Martissant on ne s’était pas trop préoccupé. Martissant, Carrefour, c’est presque l’arrière-pays. Ces parties du territoire qu’on méprise, qu’on ignore même si on y est né et dont on se souvient lors d’une fête champêtre.

Mais le plus grand choc vécu par les citoyens, cela a été la preuve de notre abandon par un État dont la plupart des dirigeants ne se préoccupent plus que de racket et qui se fichent éperdument de la population.

Ce dédain total de la population s’est manifesté encore par le silence complet du gouvernement sur l’annonce des criminels demandant aux gens de retourner sur les lieux où leurs demeures ont été pillées, vandalisées, détruites, incendiées. C’est la police nationale qui a mis en garde la population, comme si elle y avait été forcée par le mutisme et l’incompétence du gouvernement, forcée aussi par le fait qu’un retour des citoyens dans ces quartiers va permettre aux bandits de se déplacer sans se faire repérer par les forces de l’ordre. Un bouclier humain est chose souvent recherchée par les criminels.

Le clou de cette comédie macabre, dont les auteurs restent dans l’ombre, a été la publication de vidéos montrant des chefs de gangs à Canaan dans un hôtel luxueux dans une zone de Canaan, l’un d’eux dans une magnifique piscine. Ces bandits passaient en dérision la PNH en prouvant ainsi comment ils pouvaient se déplacer d’une zone à une autre sans être vraiment inquiétés comme s’ils disposaient de hautes protections. Ces images sont surtout une offense à la population souffrante, dans la même lignée que ce mépris manifesté par les dirigeants haïtiens et nos grands bourgeois pour notre peuple. On affiche sa richesse sans fausse honte. Bijoux, habits, boissons, véhicules… De toute manière tout provient de rapines, de meurtres. Les gangs n’ont qu’un mode opératoire différent, lié à la folie, à la haine, à la frustration de personnes dont le mépris social a brisé ce qui leur restait d’humanité. Ceux qui les commandent, les utilisent, les nourrissent, nationaux ou étrangers, ne sont pas différents.

Les poubelles de l’Histoire en Haïti manquent déjà de place. De bons vidangeurs sont demandés.

GARY Victor

 

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