Le pays est dans un état de délabrement physique hallucinant.
Le centre-ville de Port-au-Prince est presque un décor à la Mad Max.
Prendre la route vers le Sud, on n’a pas un meilleur spectacle.
Au Nord, le Cap-Haïtien est un désastre pour qui connaissait la réputation d’ordre et de propreté de la ville.
Le délabrement s’est accéléré jusqu’à prendre sa vitesse de croisière avec la dictature duvaliériste, qui n’a laissé aucun pont vers une possible modernité, comme l’a réussi au moins le Trujillisme en République dominicaine. La fin de la dictature chez nous a ouvert la voie à la délinquance et à l’incompétence jusqu’à aboutir à ces présidences que l’on connait, des gouvernances qui ont contribué à la quasi-destruction du pays. Le phénomène des gangs que l’on vit actuellement n’est autre chose que le produit d’une gouvernance criminelle qui a fait du mépris de la population sa perpétuelle boussole.
Notre pays a la chance pourtant d’avoir une population dans l’ensemble pacifique, travailleuse, qui ne demande qu’à lui laisser un espace minimum pour qu’elle puisse se trouver les moyens de sa survie. Elle n’emmerde personne. Même quand on la méprise, elle se cantonne dans les lieux qu’on lui a laissés et elle s’organise. Quand elle part, quand elle essaime un peu partout à l’étranger, on est étonné de constater son esprit d’entreprise. Comme les Phéniciens, le peuple haïtien, s’il avait les moyens, pourrait faire du commerce dans l’ensemble de la Caraïbe, ce qui deviendrait sa principale force. On le voit déjà dans l’artisanat haïtien qui a colonisé presque tout l’espace caribéen.
Mais on s’est évertué malgré tout à rendre la vie impossible à cette population. La suprême méchanceté !
Nos dirigeants ne semblent pas se rendre compte de l’état de délabrement du pays qui a aussi à voir, nous l’avons souvent souligné avec notre délabrement mental. À aucun moment, nos dirigeants n’ont semblé être gênés, inquiets ou honteux par les grands efforts qu’on déployait dans la république voisine pour aménager un territoire pouvant répondre à une modernité de plus en plus exigeante. Nous nous contentions de notre tonèl, de nos wangas, de comportements pitoyables et misérabilistes qui ne peuvent être défendus qu’avec une mauvaise foi audacieuse au vu de notre pitoyable réalité.
On n’ose pas imaginer ce que pourraient nous réserver Henri Christophe et Jean Jacques Dessalines s’ils revenaient maintenant pour constater dans quelle fosse nous barbotons.
Il nous faut relever la tête et vite ! Avant qu’il ne soit trop tard.
Gary Victor