La nuit du 21 au 22 aout 2023 aurait dû être commémorée avec faste à Port-au-Prince. C’est la nuit où les esclaves se sont réunis pour faire le serment ultime. Vivre libre ou mourir ! La colonie française de Saint-Domingue ne se remettra pas de cette révolte qui va faire jouer jusqu’à leurs conséquences ultimes les contradictions de classe de la plus prospère possession de la France.
Cette nuit, la population l’a vécue malheureusement dans la plus complète angoisse avec l’attaque des bandes armées à la Rue de la Réunion. Il y a eu des morts. Toutes les activités au niveau du Stade Sylvio Cator et du Portail Léogane ont été paralysées durant la journée. Pas de départ enregistré pour les régions du Grand-Sud.
On est en train de vivre la désintégration totale des institutions du pays. On paie au prix fort l’absence de gouvernance. Trop d’incompétents, trop d’imposteurs depuis trop longtemps aux commandes des postes les plus importants. Le bien de la communauté n’a jamais été un souci pour nos prétendus dirigeants. On a toujours été dans le prétexte. L’imposture. Pendant ce temps, les problèmes s’accumulaient. Une police pourrie de l’intérieur par la faute des politiciens. L’impunité devenue la règle. Une corruption généralisée gangrenant toutes les allées de notre société.
Une mission de reconnaissance du Kenya est arrivée en Haïti. Cette mission devra bien sûr rencontrer les autorités. Elle se devra surtout de comprendre ce qui se passe vraiment sur le terrain et pour cela il faudra qu’elle établisse des mécanismes d’écoute de la population. Il faudra surtout comprendre ce que recherchent ces intérêts pas si obscurs que cela qui ont armé des jeunes des enfants dans les quartiers populaires. Ces mêmes intérêts qui ont refusé les suites aux enquêtes menées pour éliminer de la PNH les éléments pourris. Ces mêmes intérêts qui ont introduit à flot dans l’institution policière des éléments devenus des accélérateurs de la production de gang dans plusieurs points du territoire national.
La population attend beaucoup de cette force internationale en dépit de l’opposition farouche des nationalistes dont les arguments sont raisonnables. Cette force sera sous l’obédience de ceux qui nous ont mis dans cette situation. Ceux qui ont dirigé cette mission onusienne restée des années en Haïti et dont la situation actuelle prouve le cuisant échec. Les secteurs malsains espèrent surtout rester en selle et obtenir la garantie d’élections qui enverront encore une fois leurs représentants à la direction de cet État réduit à sa plus simple expression.
Les moyens de lutte du peuple haïtien se réduisent, mais ils existent toujours. L’intelligence devra être au rendez-vous dans ce chaos qui n’en finit pas.
Gary Victor
