Les pannes d’éthique

La chair à canon, les politiciens en ont souvent besoin à tous les échelons. Dans un climat de non-gouvernance généralisé, il en faut plus que de coutume dans le cadre de la lutte continuelle des petits chefs dont les seuls objectifs sont de perdurer dans la ripaille et de laisser les choses en place pour qu’aucune reddition de comptes ne soit possible ce qui pourrait aboutir enfin à une gouvernance à peu près efficiente.

L’Hôpital de l’Université d’État est l’un des exemples les plus frappants de la déliquescence gouvernementale. Le corps médical et le personnel enseignant devraient être des secteurs bénéficiant des attentions prioritaires des dirigeants. C’est loin d’être le cas quand on voit dans quelles conditions des centaines de millions de gourdes sont dilapidées pour que fonctionne un État devenu bandit.

Cela fait des années que notre plus centre hospitalier est le théâtre de conflits incessants qui font souvent aussi malheureusement surgir la question de l’éthique auquel le corps médical dans son ensemble devrait être attaché.  Une éthique qui doit être inviolable : celle du droit à la santé de la population. Même si les politiciens deviennent une voyoucratie bien établie, nos médecins eux à tous les niveaux, des résidents, aux responsables supérieurs comme ceux du ministère de la Santé publique, en passant par les médecins de service,  devraient tous, contre vent et marée, tout en maintenant leurs justes revendications, donner l’exemple du respect du droit aux soins médicaux au moins d’urgence.

S’il y a beaucoup à voir, à revoir, à faire et à refaire dans la gestion du plus grand hôpital de la République, il n’en demeure pas moins que l’intérêt des malades devrait être le principal souci de toutes les parties en conflit. Plus grave, c’est la frange la plus pauvre de la population qui fréquente cet hôpital, celle qui n’a pas les moyens de payer une petite fortune pour une simple consultation dans une clinique privée avec de toute manière un service approximatif. Parler de la frange la plus pauvre de la population est une approximation, car une grande partie des classes moyennes n’a déjà plus les moyens de se payer les services d’un médecin dans une clinique privée, vu les coûts qui augmentent chaque jour.

Quel que soit le cas de figure et c’est une question d’éthique - où est le serment d’Hippocrate ? – on n’a pas le droit de se servir des malades dans le cas de revendications qu’elles soient justes souvent, boiteuses d’autre fois, car on peut être soi-même responsable de la mauvaise marche d’un établissement soit par ignorance, incompétence, où pour d’autres raisons liées à la frustration et la corruption qu’on connait. D’un autre côté, ceux qui sont en position de pouvoir au lieu de s’en tenir à des postures stupides forgées par notre conception dévoyée du chef, et à nos réflexes de protection d’un système criminel, auraient dû tout tenter pour permettre aux malades, donc aux contribuables d’avoir accès aux soins de santé qui doivent être prodigués dans l’enceinte de l’hôpital.

Dans un climat d’insécurité générateur de tant de violence, comment peut-on être fier du non-fonctionnement de notre plus grand centre hospitalier ? Des religieux tentent de venir en aide à des malades encore sur place, délaissés par le personnel médical. Pendant ce temps, le gouvernement, censé se réunir à quelques dizaines de mètres de l’HUEH, garde le silence comme il le fait sur tous les aspects d’un quotidien qui se dégrade jour après jour.

Et ils se disent, Premier ministre, ministre, directeur général !

 

Gary Victor

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