Le coup de poing du Champ-de-Mars

On n’a pas vu cela depuis plus de cinq ans. L’événement échappe aux médias. La politique est leur horizon prioritaire. C’était d’abord un communiqué donnant un délai de soixante-douze heures aux concernés. Ces derniers, habitués à ces manifestations brusques d’état d’âme sans suite de l’administration communale, ont continué à mener le train de leur commerce informel. S’ils ont protesté aux micros de journalistes, c’est pour argumenter qu’ils ont besoin d’un endroit pour établir leur démêlé de poule blanche et de « manje kwit ». Ils reconnaissent, implicitement, qu’aux pieds des héros fondateurs, la Place ne peut être, entre la lourde odeur d’huile et l’insalubrité du charbon, livrée à la merci du « tout voum se do » et de l’individualisme tous azimuts.

On n’a pas vu cela depuis plus de cinq ans. L’événement échappe aux médias. La politique est leur horizon prioritaire. C’était d’abord un communiqué donnant un délai de soixante-douze heures aux concernés. Ces derniers, habitués à ces manifestations brusques d’état d’âme sans suite de l’administration communale, ont continué à mener le train de leur commerce informel. S’ils ont protesté aux micros de journalistes, c’est pour argumenter qu’ils ont besoin d’un endroit pour établir leur démêlé de poule blanche et de « manje kwit ». Ils reconnaissent, implicitement, qu’aux pieds des héros fondateurs, la Place ne peut être, entre la lourde odeur d’huile et l’insalubrité du charbon, livrée à la merci du « tout voum se do » et de l’individualisme tous azimuts.

Parce qu’on n’a pas vu cela depuis plus de cinq ans, le citadin s’est glissé dans l’habitude du vécu délabré. Que le Rex Théâtre soit encore que décombres et lieu de tous les besoins physiologiques, c’est le cadet des soucis du citadin, pressé par d’autres occupations. Pétion méritait-il ce qui lui a été infligé derrière les tôles ? Que la Place Dessalines fût coupée en deux par le mur du Jardin du Mupanah, ce n’était pas un sujet qui méritait un bon débat public. Que des immondices et autres assiettes jetées s’étalent sur le site, on s’est progressivement adapté.

Et tout ça fume ! Et la viande boucanée montre sa chair artificielle ! Les marchandes s’installent. Les services de santé de la population n’y mettent jamais leur nez. C’est la pagaille ou la grande vadrouille. Voyez le film, Le Parfum, pour voir l’état des marchés à Paris au 17e siècle ! Alors, on a vu, le 16 janvier, l’événement. Les draps salis des restaurants des aveugles ne sont plus dans le paysage du Champ-de- Mars. On s’attèle, il nous semble, à retaper la Place Pétion fermée depuis Carifesta. Il ne reste, ici et là, que des vendeurs de Cd qui ont eu toute leur latitude à exposer images pornographiques et autres détails grivois le long des grilles de fer qui mènent au terminus de l’Avenue Magloire Ambroise.

Il est trop tôt pour dire que l’autorité de l’État ou « l’ordre » dont a parlé le président élu se met vigoureusement sur pied contre l’occupation illégale d’un lieu de mémoire historique. Le nouveau maire de Portau- Prince est dans un élan qu’on souhaiterait plus synchronisé. Mais, de combien de blindés dispose-t-il ? Une politique globale d’assainissement de la ville n’est pas encore connue et les anciens cadres techniques de la mairie ne sont plus là pour donner à l’administration communale leur expertise. On est à quelques semaines du carnaval. Les marrons du commerce informel attendent un affaiblissement de l’ordre pour regagner leur place. Dans l’intervalle, on verra si le coup de poing du Champ-de-Mars n’est qu’un forcing policier occasionnel ou l’expression d’une première étape dont la deuxième serait, immanquablement, de trouver un endroit où caser les marchandes de « manje kwit ».

Construire sur le site de la Place des Artistes des tentes décentes et durables demanderait la mise en place permanente d’un service de propreté et de contrôle hygiénique. La place risque d’être trop encombrée. Récupérer une partie de la Place Pétion, zone de la Rue Capois, peut nuire au patrimoine historique. Qu’en est-il de l’espace en face du Ciné Triomphe ? C’est au nouveau maire et à ses assesseurs de trouver la formule, car l’ordre signifie une organisation de notre espace, pas un simpliste dechoukaj. Dans cette capitale emplie comme un oeuf, la moindre unité touchée nuira à l’ensemble. L’expertise technique doit venir à la rescousse d’une décision légale et autoritaire.

Pour l’instant, qu’on nous redonne notre Champ-de-Mars dont le Port-au-princien était encore fier au début des années 80 !

Pierre Clitandre

C’est le paradoxe du mendiant !

 Jean-Euphèle Milcé

Un signal fort, prémices d’un plan de redressement, est attendu tant il est vrai qu’on ne peut pas se contenter de survivre avec le danger ; au risque de sacrifier les générations futures.

Prier au Palais national, même avec les mystiques combinés de toutes les religions du monde, en présence des gestionnaires de la charité et des grandes multinationales de l’humanitaire, ne sauvera de rien du tout. Ne rendra pas le pays plus sûr.

Il faut sortir du Palais pour aller dans les temples, dans les églises, dans les écoles, dans les marchés publics pour entretenir la mémoire de nos morts et de leurs bourreaux !

Jean Euphèle Milcé

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