Le paradoxe du mendiant

On aura compris que le voisinage, imposé par la délimitation historique d’une île en deux pays, en deux peuples, ne peut être qu’un terrain fertile pour toutes les expressions passionnées de complicités et d’antagonismes. Ce voisinage, au-delà des heurts meurtriers, comme le massacre de 1937, propose un passif, entre la République d’Haïti et la République dominicaine, lourd de non-sens et sans équivoque : déséquilibre commercial, dénationalisation des citoyens d’origine haïtienne, zafra entre autres. Il est d’usage et de bon ton, dans les milieux politiques voire intellectuels, de promouvoir la méfiance envers les voisins dominicains dans un chauvinisme primaire et pédagogue expliquant clairement que les objectifs dominicains ne sont pas élaborés pour aller dans les sens des intérêts de la République d’Haïti.

On aura compris que le voisinage, imposé par la délimitation historique d’une île en deux pays, en deux peuples, ne peut être qu’un terrain fertile pour toutes les expressions passionnées de complicités et d’antagonismes. Ce voisinage, au-delà des heurts meurtriers, comme le massacre de 1937, propose un passif, entre la République d’Haïti et la République dominicaine, lourd de non-sens et sans équivoque : déséquilibre commercial, dénationalisation des citoyens d’origine haïtienne, zafra entre autres.

Il est d’usage et de bon ton, dans les milieux politiques voire intellectuels, de promouvoir la méfiance envers les voisins dominicains dans un chauvinisme primaire et pédagogue expliquant clairement que les objectifs dominicains ne sont pas élaborés pour aller dans les sens des intérêts de la République d’Haïti.

Fatalement, l’histoire, entre voisins en situation d’échanges permanents, s’écrit chaque jour. Au lendemain du passage de l’ouragan Matthew, le pays encore sous le choc, avait appris que les soldats dominicains, au nom de la solidarité dans le malheur, s’étaient permis de fouler le sol national. Les voix audibles du peuple, relayées par la classe politique, dont le Sénat de la République, avaient lancé des mises en garde sur un risque de brader notre dignité. On aurait cru que le Sénat, horrifié, allait déclencher les procédures de destitution du Président de la République pour crime de haute trahison.

Quelques mois après les bourrasques, l’évaluation des dégâts assortie de soutien humanitaire, il est curieux et douloureux d’attraper le président du Sénat, de l’époque, en flagrant délit d’un acte suspect, illégal et indigne.

Depuis le 15 janvier, une lettre, sur papier d’usage officiel du Sénat et le sceau d’accusé de réception de l’ambassade de la République dominicaine, est devenue virale sur les réseaux sociaux. Il s’agit d’une demande, pour le moins douteuse, de l’honorable Ronald Larêche, président du Sénat de la République jusqu’au 9 janvier 2017, à l’ambassadeur dominicain, M. Valdez, accrédité en Haïti. « J’ai l’honneur, comme convenu lors de notre entretien à la soirée organisée par l’ACHAM à la résidence de l’ambassadeur des États- Unis, de solliciter votre bienveillante intervention pour le réaménagement de quelques tronçons de route au niveau du département du Nord-Est », écrit l’honorable Larêche en introduction.

L’Honorable Larêche a réalisé l’exploit de se substituer aux agences gouvernementales en charge de la coopération et des travaux publics. Sans la preuve de la responsabilité d’un quelconque individu ou groupe dans la diffusion de cette lettre, cette intervention attaque le fonctionnement de nos institutions républicaines et devient par conséquent un acte antidémocratique.

 Hier, porte-étendard d’une nation qui se serait indignée de l’arrogance des voisins, aujourd’hui introducteur de projets auprès de ces mêmes voisins, l’honorable doit comprendre qu’il n’y a pas, pour ce genre de dilemme, d’explications faciles. Il est vrai que le Sénateur a été choisi par la population du Nord-Est et on comprend, sans besoin de nous faire un dessin, que nos compatriotes frontaliers vont chercher des soins de santé, du travail, des produits de consommation voire l’éducation en pays voisin. Sauf que la réalité de la fonction de sénateur de la République devrait empêcher à l’honorable Larêche de cumuler les fonctions de militant nationaliste et d’agent de développement local à l’affut d’opportunités dans les réceptions des ambassades.

C’est le paradoxe du mendiant !

 Jean-Euphèle Milcé

Un signal fort, prémices d’un plan de redressement, est attendu tant il est vrai qu’on ne peut pas se contenter de survivre avec le danger ; au risque de sacrifier les générations futures.

Prier au Palais national, même avec les mystiques combinés de toutes les religions du monde, en présence des gestionnaires de la charité et des grandes multinationales de l’humanitaire, ne sauvera de rien du tout. Ne rendra pas le pays plus sûr.

Il faut sortir du Palais pour aller dans les temples, dans les églises, dans les écoles, dans les marchés publics pour entretenir la mémoire de nos morts et de leurs bourreaux !

Jean Euphèle Milcé

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