La période traditionnellement tant attendue est arrivée. Les dimanches pré-carnavalesques ! L’espace d’un après-midi et d’une nuit, pendant plusieurs semaines, avant les trois jours gras, des dizaines de milliers de personnes vont investir les rues, oubliant tous leurs problèmes, pour s’amuser, danser, au rythme de ces musiques de rue qui mettent au rencart le compas-direct et même ce rap créole où des jeunes dans un corps à corps fascinant avec les mots, disent leur vécu et leur mal-être dans cette société à l’avenir si incertain.
La période traditionnellement tant attendue est arrivée. Les dimanches pré-carnavalesques ! L’espace d’un après-midi et d’une nuit, pendant plusieurs semaines, avant les trois jours gras, des dizaines de milliers de personnes vont investir les rues, oubliant tous leurs problèmes, pour s’amuser, danser, au rythme de ces musiques de rue qui mettent au rencart le compas-direct et même ce rap créole où des jeunes dans un corps à corps fascinant avec les mots, disent leur vécu et leur mal-être dans cette société à l’avenir si incertain.
Des DJ installés sur des chars avec leurs puissants haut-parleurs, vont débiter à tout vent une musique répétitive, hypnotique, le « beat » étant la seule loi, et le corps surtout des femmes est curieusement réduit, dans une inversion suspecte, à un mouvement effréné et circulaire des fesses dans des distorsions qui donnent à penser que dans ce monde nouveau où l’on vit, le sexe a migré de l’avant vers l’arrière et qu’il faut donc s’habituer à ces nouvelles moeurs si on ne veut pas se faire trucider par les ayatollahs d’un libéralisme jusqu’à aujourd’hui triomphant, mais commençant à faire eau de toutes parts.
Le « bòdègèt » et le soi-disant « rabòday » se sont déclarés rois des rues et il n’y a pas une fête de quartier, un « ti-sourit » où on n’est pas agressé par cette musique, si on peut l’appeler ainsi, où la grivoiserie et l’obscénité sont souvent de mise. Le drame c’est que la culture est laissée à elle-même, les pouvoirs publics dans une attitude bassement populiste, finançant souvent, sans états d’âme, des activités sans valeur aucune, sinon celle d’offrir aux désoeuvrés des moments de pur défoulement où l’alcool, le sexe, la violence et parfois la drogue sont au rendez-vous. Rien n’est jamais pensé sérieusement pour offrir à nos jeunes des loisirs de qualité.
Le carnaval est pourtant un espace où peut s’exprimer toute la créativité artistique de notre peuple. Il est réduit année après année à une simple bamboche populaire avec une partie artistique réduite à une peau de chagrin et presque dédaignée par le grand public. Aucun comité ne se penche des mois à l’avance sur la planification de cette activité qui aurait pu rapporter gros au niveau touristique. C’est toujours à la va-vite, au dernier moment qu’on constitue le comité pour gérer le carnaval. Mais on constate toujours la célérité, l’enthousiasme, l’énergie qui sont déployés pour que les festivités des trois jours gras puissent se tenir. Ce sont malheureusement des millions toujours jetés au vent, car la valeur réelle de cedit carnaval fait qu’il ne peut rivaliser avec aucun autre de la région. Au moins seulement peut-il plaire à nos aficionados nationaux.
Parler du mauvais goût qui s’est installé partout même dans les publicités diffusées dans nos médias, ramène forcément à l’absence de politique culturelle dans notre pays. Nos politiciens peuvent bien continuer à discourir sur la vitalité et la force de notre culture, il n’y a aujourd’hui qu’un carré d’artistes, de créateurs, qui seuls, oeuvrent à garder la bonne image de notre pays. Notre culture est en danger avec la précarité, la médiocrité de notre gouvernance. L’inculture s’incrustant encore plus, jour après jour lui porte des coups mortels. Rien n’annonce, d’après ce que nous entendons venir, le moindre changement de cap pour arrêter la dégringolade.
Gary Victor
À quelques semaines de cet important rendez-vous, nous sommes en droit d’espérer que la réduction de la vulnérabilité sera un préalable aux besoins de mise en oeuvre de projets de développement portés par la nouvelle équipe. Plus qu’un serment politique, ce préalable doit être une lutte consciente et engagée pour réparer des siècles de mauvaise gestion d’un territoire. Comme la conspiration précède logiquement l’acte meurtrier, la vulnérabilité d’Haïti n’est que le résultat d’une construction politique et sociale voulue et pensée.
Chaque pluie de saison est assortie de son jour de congé. L’impact d’un cyclone moyen impose une semaine, au moins, d’arrêt des activités. Un tremblement de terre, et tout est à recommencer, s’il ne provoque pas la fin du monde. Irréversible.
Avec ce catalogue de douleurs, il sera difficile d’attirer les investisseurs, développer nos capacités de production, protéger notre patrimoine historique unique dans la région et garantir une paix sociale durable.
Un signal fort, prémices d’un plan de redressement, est attendu tant il est vrai qu’on ne peut pas se contenter de survivre avec le danger ; au risque de sacrifier les générations futures.
Prier au Palais national, même avec les mystiques combinés de toutes les religions du monde, en présence des gestionnaires de la charité et des grandes multinationales de l’humanitaire, ne sauvera de rien du tout. Ne rendra pas le pays plus sûr.
Il faut sortir du Palais pour aller dans les temples, dans les églises, dans les écoles, dans les marchés publics pour entretenir la mémoire de nos morts et de leurs bourreaux !
Jean Euphèle Milcé