Depuis août 2020, une flamme danse sur les pages et dans l’air. Le Verbe Enflammé, la rubrique littéraire de James Fleurissaint, fait entendre tous les quinze jours les mots haïtiens sur les plateformes de Haïti Inter. Né d’un désir de ne pas être absent du pays et de rester fidèle à l’art de la diction poétique, ce projet a trouvé son essence dans les voix de diseurs tels que Lobo, Syto Cavé, Myrtho Casséus ou Brisson. C’est par eux que James est entré en littérature et au théâtre, son premier amour.
Vivant en France depuis près de six ans pour poursuivre ses projets artistiques et fuir l’atmosphère d’insécurité qui frappe son pays, il a transformé Le Verbe Enflammé en une véritable institution littéraire. En cinq ans, la rubrique s’est imposée comme un espace de résistance, de transmission et de lumière.
Le Nouvelliste, dans un article élogieux, saluait chez James Fleurissaint la rigueur du comédien et la ferveur du diseur, capable de ranimer par la voix la mémoire des textes haïtiens. Le journal voyait en lui un passeur passionné, un artisan du verbe qui remet la littérature en mouvement, et redonne aux mots leur souffle originel.
Dans un contexte où la première république noire peine à se redresser, James Fleurissaint fait voyager la littérature haïtienne à travers la voix et la performance. Chaque émission devient un passage entre les époques et les imaginaires, où les mots reprennent souffle et feu.
De René Depestre à Yanick Lahens, de Georges Castera à James Noël, de Marc Sony Ricot à Jean-Marie Théodat, en passant par Jessica Nazaire, Marc Sony Ricot, Manno Ejèn, Emmanuel Ménard, Roberto Martineau, Pyè Lajwa, KerBy Vilma, Richardson Auguste, Emmanuel Vilsaint ou Fritzgerald Muscadin, de nombreuses voix ont traversé cette scène d’un verbe ardent. Le verbe ne s’y lit pas, il s’y vit, se tend, se consume doucement avant de s’envoler.
TripFoumi Enfo y voyait une exploration des joyaux de la littérature haïtienne. Le National 2025, dans un article sur « État d’urgence poétique », saluait un acte de résistance. Juno7, de son côté, soulignait la dimension performative de James Fleurissaint, ce diseur qui incarne chaque mot jusqu’à l’émotion.
Cinq ans plus tard, la flamme ne faiblit pas. Elle continue de brûler au rythme des voix, des silences et des poèmes. Le Verbe Enflammé demeure une braise vivante dans le cœur de la littérature haïtienne, un souffle de dignité et d’espérance.
Godson Moulite
