À Paris, l’artiste-sculpteur haïtien Woodly Caymitte, connu sous le nom de Filipo, a reçu la Médaille de Vermeil de la Société Académique Arts-Sciences-Lettres, le samedi 11 octobre 2025. Une distinction internationale rare, couronnant un parcours forgé dans la persévérance, la mémoire et la fierté haïtienne, dans une interview accordée au journal Le National, le célèbre artiste-sculpteur témoigne de son contentement pour avoir décroché l'un des plus prestigieux prix du monde.
Dans la lumière dorée d’un automne parisien, un nom haïtien résonne sous les voûtes du prestigieux hôtel de la Société Académique Arts-Sciences-Lettres. Woodly Caymitte, que le monde de l’art connaît sous le nom de Filipo, s’est avancé, calme, sculpté par les ans et la passion, pour recevoir la Médaille de Vermeil — symbole d’excellence, de mérite et de rayonnement culturel. Ce samedi c’est Haïti elle-même qui semblait gravir la scène avec lui.
Depuis ses débuts à l’ENARTS, entre poussière de pierre et fer brûlant, Filipo a modelé un langage propre : celui d’une sculpture haïtienne universelle, où chaque visage, chaque trait, respire la mémoire collective et l’espérance d’un peuple. Ses œuvres ne se contentent pas d’imiter la forme : elles traduisent la résistance. À travers ses bustes de Jean-Jacques Dessalines et Henri Christophe, exposés à l’ambassade d’Haïti à Washington, ou encore celui de George Floyd, présenté au MoCADA à New York, il taille dans la matière brute la dignité des oubliés et le cri des opprimés.
« Je dédie cette médaille à Haïti qui souffre, mais qui peut être fière de son fils, » a-t-il déclaré avec une émotion contenue, devant un parterre d’artistes et d’universitaires conquis. Dans ses mots vibrait la même force que dans son marteau : celle de transformer la douleur en beauté, le chaos en création. Cette récompense, l’une des plus hautes du monde académique français, célèbre non seulement l’homme mais aussi la nation qu’il incarne.
Filipo n’oublie pas ceux qui l’ont formé. Il cite avec gratitude ses maîtres — Ludovic Booz, Philippe Dodard, Gabriel Raoul, Modesto — et les institutions qui ont façonné son talent : ENARTS en Haïti, Klorat Biz’art, l’Institut Supérieur d’Art (ISA) de Cuba. À chacun, il adresse un hommage silencieux, reconnaissant que la grandeur est toujours un héritage collectif.
Son œuvre la plus récente — les statues monumentales d’Alexandre Pétion et Simón Bolívar, inaugurées le 22 janvier 2025 sur la place Bolívar à Jacmel, en présence du président colombien Gustavo Petro — a confirmé sa stature internationale. Ce jour-là déjà, on pressentait que l’histoire réservait à Filipo une consécration d’envergure.
La Médaille de Vermeil vient donc sceller un parcours sans compromis, un art né du feu et de la foi. Dans un monde qui vacille, Woodly Caymitte sculpte l’éternité avec la patience des bâtisseurs et la ferveur des poètes.
Et lorsque, au terme de la cérémonie, il lance d’une voix claire : « À chaque prime, à chaque réalisation, pour moi ce n’est que le début. Rendez-vous à la victoire. » On comprend que ce sculpteur de l’âme haïtienne n’a pas fini de tailler la gloire de son pays dans le marbre du monde.