Dans la dernière affiche publiée au début du mois d’octobre 2025, sous le thème “Déterminée”, je cherche désespérément la beauté authentique et originale de cette jeune et belle femme, devenue au fil des temps une vedette confirmée sur la scène musicale et culturelle, dont je suis à la fois témoin et acteur de son ascension, avant et après le séisme du 12 janvier 2010, et plus de quinze ans après.
Déterminée plus que jamais dans la matérialisation de son rêve de stars, Rutshelle Guillaume pour moi trône déjà pratiquement sans rival au royaume de la musique haïtienne au féminin pluriel depuis plus de dix ans. En dehors des scandales répétés, mais qu’elle doit à tout prix éviter et écarter, les compositions à succès, les nombreuses distinctions reçues, les projets artistiques réussis, les performances sur scène, les statistiques des médias sociaux, et d’autres atouts peuvent justifier son avance par rapport aux autres voix anciennes et nouvelles.
Derrière ce parcours et sa notoriété, et tout en reconnaissant ses investissements en tant que femme entrepreneure impliquée dans la distribution sous son label des produits de beauté entre autres, en particulier destinés au maquillage, cela ne doit pas nous empêcher d’attirer l’attention autour de l’impact autant positif que négatif de ces produits sur l’image, l’influence et l’aura de l’artiste.
D'une copie d'Aya Nakamura, Haïti peut offrir mieux?
Des constats alarmants, je me suis permis de présenter l’image de déterminée a au moins cinq jeunes filles pour tenter d’obtenir leur opinions, ces filles et adolescentes qui admirent les talents de l’artiste ont été très choquées de voir les écarts qui existent entre les deux personnages ou visages, entre le portrait réel de Rutshelle et ce masque que des conseillers en marketing ou des professionnels du maquillage tentent d’imposer à l’artiste comme stratégie d’influence pour pénétrer de nouveaux marchés dans les industries musicales internationales. Faux !
Détrompez-vous, l’industrie musicale internationale ou francophone n’a guère besoin d’une copie d’Aya Nakamura. Rutshelle Guillaume avec sa voix et ses talents, son charme et une bonne équipe, des compositions empathiques et qui défendent une noble cause, ne serait-ce que la cause des barons (politique, économique et culturel) du système et des industries musicales internationales finira par trouver sa voie.
Dans une forme de simplicité affichée pendant longtemps, visiblement sans porter plusieurs boucles d’oreille, ni pour afficher des tatouages éventuels, il semble que l’influence des maquillages excessifs risque d’avoir raison sur l’artiste au fil des ans. Quelle réflexion possible sur le maquillage scénique, entre l’art, les exigences du marché et la dénaturation de l’authenticité ?
Depuis toujours, le maquillage fait partie intégrante de l’univers scénique. Il est utilisé depuis des siècles pour accentuer les traits, créer des personnages, ou encore répondre aux exigences visuelles du spectacle vivant. Pourtant, lorsqu’il devient excessif ou qu’il transforme profondément les traits naturels, il peut soulever des interrogations sur l’image de soi, l’authenticité et les injonctions esthétiques imposées aux femmes artistes.
Des impacts positifs du maquillage scénique transformateur
Des impacts positifs du maquillage scénique transformateur à prendre en compte, notamment comme un outil artistique et expressif, le maquillage scénique permet aux artistes d’entrer dans la peau de personnages variés. Il sert la narration et peut appuyer la mise en scène en traduisant visuellement les émotions ou les états d’âme.
De l’adaptation aux exigences techniques, il faudra retenir sur scène, sous des projecteurs puissants, les traits peuvent s’effacer. Le maquillage permet de redéfinir les contours du visage pour que l'expression soit visible même à distance, notamment dans les grandes salles.
De la libération identitaire et le jeu avec l’apparence malheureusement victimes de la mode. Pour certaines artistes, se maquiller de manière transformante est un moyen de dépasser les normes, d’explorer d’autres identités ou de revendiquer un style personnel audacieux.
Des impacts négatifs sur l’image et la beauté authentique
Dénaturation de l’apparence naturelle. En effet, L’usage excessif ou normé du maquillage peut gommer l’authenticité physique, poussant les artistes à se conformer à une image idéalisée, souvent éloignée de leur vrai visage.
Devant le renforcement des injonctions esthétiques, la pression sociale et médiatique pousse souvent les femmes à apparaître « parfaites » en toutes circonstances. Sur scène, cela peut se traduire par un maquillage qui masque toute imperfection, alimentant l’idée qu’il faut être irréprochable physiquement pour être crédible ou aimée.
Définitivement, cela confirme une certaine forme affirmée ou progressive de la perte de confiance en la beauté naturelle. Malheureusement, dans le cas de Rutshelle, ce n’est peut-être pas le cas à première vue. Il est possible que la rage de vaincre et de garder le sommet la pousse dans sa détermination à négliger ou à détruire (par inconscience) l’un de ses principaux atouts, sa beauté naturelle et authentique de femme créole.
Déterminée certes, mais il faudra reconnaître que l’intime relation ou dépendance de l’artiste avec la rentabilité des produits qu’elle vend, et qu’à force d’être systématiquement maquillées, certaines artistes peuvent développer une dépendance esthétique, au point de ne plus s’aimer au naturel. Cela pose la question de l’acceptation de soi et du rapport à l’image publique.
Urgence pour une nécessaire quête d’équilibre ?
Dépendance irréversible face à l’image et aux valeurs projetées vers son public, en particulier les jeunes filles en Haïti, qui ne disposent pas trop de moyen pour imiter l’image de leur vedette préférée. Il ne s’agit pas de condamner le maquillage, mais d’en interroger l’usage et le sens. Peut-on imaginer une scène où la beauté naturelle serait valorisée autant que la performance artistique ? Où le maquillage ne serait pas un masque imposé, mais un choix conscient, artistique ou identitaire ?
Pour tendre vers une approche plus inclusive et authentique, il semble essentiel de redonner aux artistes, et notamment aux femmes, la liberté d'apparaître telles qu'elles le souhaitent, à la fois maquillées, peu maquillées ou au naturel, sans que cela ne remette en question leur professionnalisme ou leur talent.
Dans le miroir de la conscience et de l'excellence que Rutshelle Guillaume prétend affirmer, elle doit faire preuve d'assez d'intelligence pour ne pas tomber dans le piège de l'apparence vide de sens. Les choix et les goûts certes, on en discute pas. Encore mois, il faudra reconnaître le poids de la compétition dans l'évolution de l'artiste, autant que sa stratégie commerciale pour prouver en premier la qualité de ses produits RG.
Des hypocrites vont dire que l'artiste est tres belle, d'autres te diront magnifique, certains esprits superficiels acclamons ta beauté. Moi, dans mon triple statut d'acteur, témoin et professionnel des industries culturelles, je cherche et j'observe une artiste qui porte un masque confondu à un soleil artificiel, qui brille sous les projecteurs et brûle sa mélanine et son charme naturel. Voilà pourquoi, je me demande s'il faut sauver ou saluer cette beauté.
Dominique Domerçant