Un toubib examine.
Un toubib anticipe.
Un toubib prescrit.
C'est ce qu'on dit généralement d'un toubib traditionnel, mais là on veut parler de celui qui sort de l'ordinaire.
Jacob Jean Jacques est un homme de foi et d'église, on peut le voir du premier coup d'œil. Pourtant, j'ai constaté qu'il a plus foi en l’humain qu'en Dieu, ce qui revient au même puisque, de son point de vue, Dieu est la cause de l'humanité. Serait-il incongru qu'un toubib se préoccupe de la foi ? Il le serait sûrement si ce même toubib ne s’inquiétait pas du foie d'un alcoolique invétéré comme Bukowski, par ailleurs, mon écrivain préféré. L'un n'empêche l'autre.
La vraie question: comment un simple homme peut-il vouloir sauver autant d'âmes, sans l'urgence d'être, lui-même, sauvé ? Mystère !
Un toubib, vous savez, c'est d'abord celui qui prévient, qui extériorise les secrets du tréfonds de nos corps et de nos âmes. C'est exactement ce que Jacob fait à travers ANA. Bien avant même que la musique sauve la vie de D-fi du collectif "powèt revolte", la littérature a, par ce toubib, sauvé ma vie et celle de bien d'autres Anapiens et Anapiennes. Témoignage exige. Grâce à son indéfectible charité et à travers ANA, ce toubib a lancé une bouée de sauvetage façon Tom Brady à mon cher ami Penn Yserve, sans qu'il ne sache qu'il en avait besoin. Et la gratitude de l'homme accompli qu'il est devenu n'est pas des moindres.
Il se soucie plus, en bon toubib, de notre état que nous même.
Ses patients sont dans tous ses rêves comme Adriana dans ceux de René Dépestre. Jacob vit pour l'élévation d'autrui mais pas que! Honnêtement, qui n'est qu'altruiste ? Ce serait douteux, non !
À l'occasion de son 17ème anniversaire, il faut se souvenir que ANA a grandement contribué à la littérature francophone. Pour le prestigieux Prix des Jeunes Écrivains (PJE), ANA compte pas moins de trois jeunes récipiendaires. Pendant ces 17 ans de passions et de flammes, ANA a marqué plusieurs générations de jeunes gens littéraires de son indélébile empreinte.
En vérité, je vous le dis, Jacob croit comme la science en l’humain et au feu qui peut, secrètement, le consumer. Il croit au Verbe. Il l'invite à s'incarner dans sa nature brute avant même de se soucier de sa perfection. Mais dix fois sur le métier, lire, lire et lire. Dix autres fois, écrire, écrire et écrire. Non par une piètre reproduction de nos lectures mais par germination. Puiser la sève qui nous est nécessaire et féconder à travers ces beaux livres que nous aurions souhaité nôtres.
Certains pourraient croire que je me perds en louanges dithyrambiques pour flatter sa personne. Ce n'est nullement mon intention. Je ne veux que crier, haut et fort, ce qui ne peut être tu. Ce qui doit être su.
D’ailleurs, Jacob pourrait n'avoir jamais imaginé recevoir d’éloges de ma part puisque mis à part notre amour inconditionnel pour les livres, nous ne sommes pratiquement jamais sur la même longueur d'onde. Nos esprits divergent.
Vive la différence !
Fils d’on ne sait quel Isaac, il n'est pas que le pieu père de la tribu Anapienne qui, sans nul doute, ne cessera de prospérer. Il est un homme dévoué à sa famille, profondément attaché à ses valeurs, entre traditions et modernité, ouvert aux idées nouvelles tant qu'elles ne violent pas la dignité humaine ou sa foi. Farouche défenseur de l'éducation et de la pédagogie de Rousseau et de Montessori, il veut former le cœur et l'esprit tout en guidant sans forcer. Amoureux du progrès et de l'éternelle dialogue entre raison et foi, Jacob est respecté pour sa bienveillance, sa compréhension, sa probité et sa philosophie de vie.
Tout à fait un modèle d’humanité.
Mais comprenez bien, loin de moi l'idée d'idéaliser l’homme comme un saint. Ce toubib hors pair est aussi bien une masse de chair que nous tous. Lui s'est démarqué en créant une voie pour d'autres.
Il est en somme, une version de Frédéric Ozanam.
Et qui dit mieux pour un toubib ?
Philippe Barthelemy