« Une bibliothèque au nom de l’espoir : hommage à John Wesley Delva, figure de la diaspora haïtienne et messager d’une Haïti réconciliée avec le savoir »

0
287

Dans un contexte national marqué par des crises politiques et sociales récurrentes, toute initiative mettant en valeur les porteurs d’espoir et de savoir devient un acte de résistance symbolique, mais aussi un jalon fondamental pour l’édification d’un avenir meilleur. À Petit-Goâve, ma ville natale, un groupe de jeunes citoyens engagés a mis l’effigie du poète, avec succès, sur le mur du collège et a décidé de baptiser la bibliothèque du Collège La Bonté du nom de Jhon Wesley Delva, poète, journaliste et politologue d’origine haïtienne. Le poète/écrivain Jhon Wesley Delva a reçu plusieurs prix internationaux décernés par diverses institutions prestigieuses aux États-Unis, en France et au Canada pour ses œuvres et ses différentes publications. Ce geste, hautement symbolique, inscrit dans la pierre la reconnaissance d’un parcours exemplaire, enraciné dans la ville de Petit-Goâve, mais irriguant aujourd’hui les champs intellectuels d’ici et d’ailleurs.



Un hommage mérité à un fils du terroir



Jhon Wesley Delva est un enfant de Petit-Goâve, formé sur les bancs de ses écoles, puis diplômé de l’Université d’État d’Haïti. Exilé par nécessité en raison de l’instabilité chronique de notre pays, il poursuit aujourd’hui ses études à l’Université de Montréal, où il continue de faire rayonner l’excellence haïtienne. Son portrait, désormais visible sur le mur du Collège La Bonté, fait de lui une figure immortelle, au sens symbolique du terme, suivant les traces d’un autre Petit-Goâvien illustre : Dany Laferrière, académicien mondialement reconnu, qui, lui aussi, a grandi dans cette ville, rue Lamarre, auprès de sa grand-mère (Laferrière, 2015).


Une reconnaissance qui dépasse les frontières


L’initiative des jeunes de Petit-Goâve et l’approbation éclairée de la direction du Collège La Bonté constituent un geste fort, une Redon — au sens presque rituel du mot, qui redonne à la jeunesse haïtienne un repère lumineux. Ce geste n’est pas seulement un hommage, c’est une déclaration. Il témoigne que la diaspora haïtienne peut, même à distance, jouer un rôle clé dans la reconfiguration morale, sociale et intellectuelle du pays (Milo, 2020). Ce symbole démontre que l’exil ne signifie pas rupture, mais plutôt extension de l’impact.





La bibliothèque : sanctuaire du savoir et de la mémoire



Baptiser une bibliothèque en l’honneur d’un intellectuel, c’est reconnaître que les idées peuvent être des armes pacifiques, puissantes et durables. C’est aussi envoyer un message clair à la jeunesse haïtienne : la voie à suivre n’est pas celle de la violence ni du gain facile, mais celle du savoir, de l’intégrité et de la pensée critique (Joseph, 2019). Comme l’écrit H. Charles dans son étude sur l’éducation citoyenne en Haïti : « L’espace de la bibliothèque est un lieu de résistance douce contre l’obscurantisme ambiant » (Charles, 2017, p. 88).



Un message clair à la nation



En tant qu’auteur et citoyen profondément attaché à la promotion de l’éducation, je tiens à saluer cette initiative avec fierté et reconnaissance. Elle vient rappeler que les choses de l’esprit ont une valeur inestimable. À une époque où la violence, les gangs et l’obsession de l’argent facile détournent une partie de notre jeunesse de sa mission, cet acte remet l’école, l’université et la culture au cœur du projet national. Il réaffirme que la reconnaissance ne se monnaie pas toujours : elle se mérite par la constance, la rigueur et le service à la collectivité.





Conclusion

Le geste de nommer la bibliothèque du Collège La Bonté du nom de Jhon Wesley Delva est un acte à la fois politique, éducatif et patriotique. Il inscrit dans la conscience collective une vérité simple mais essentielle : ceux qui écrivent, enseignent, informent et éclairent sont aussi les bâtisseurs d’une Haïti nouvelle. Il nous revient de les reconnaître de leur vivant et d’honorer leurs pas, comme une invitation pour les générations futures à les suivre, non dans les ténèbres, mais dans la lumière de la connaissance.



Références bibliographiques



• Charles, H. (2017). Éducation et citoyenneté : les défis contemporains d’Haïti. Port-au-Prince : Éditions du Renouveau.
• Joseph, L. (2019). La jeunesse haïtienne entre dérive et espérance. Montréal : Presses du Sud.
• Laferrière, D. (2015). Journal d’un écrivain en pyjama. Montréal : Mémoire d’encrier.
• Milo, R. (2020). Diaspora et développement : vers une gouvernance transnationale ? Québec : Éditions de l’Université Laval.



Me Ikenson EDUMÉ, LLM, M.A.P
Auteur du 1er Manuel et pratique du droit des affaires haïtien
Montréal, Canada, le 30 juillet 2025

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES