Le Centre culturel Haïti-Brésil s’est transformé, le lundi 21 juillet 2025, en un véritable carrefour d’échanges culturels à l’occasion du lancement officiel de l’atelier Page Blanche organisé par la collection Premières Signatures, en étroite collaboration avec Rezonans 360. Cet événement marque une étape décisive dans le paysage littéraire haïtien s’inscrivant dans une volonté affirmée de redonner à la création littéraire toute sa puissance expressive, en la connectant intimement aux racines culturelles et historiques des peuples du Sud.
Page Blanche ne se contente pas d’être un espace d’écriture : c’est un véritable laboratoire de récits intimes, historiques et sociaux, une forge où les imaginaires individuels rencontrent les mémoires collectives. L’atelier encourage une création littéraire enracinée dans les réalités haïtiennes, caribéennes et africaines, en explorant les voix singulières qui peuplent ces mondes. Au-delà de l’apprentissage technique, le programme mise sur la transformation culturelle par la force du langage et des histoires. Il aspire à faire émerger des textes porteurs de sens, capables de nourrir l’identité, de transmettre la mémoire et d’élargir la conscience sociale des participants.
Lors de la cérémonie de lancement, déroulée en présence des boursiers de l’Institut français en Haïti et du Collectif Horizon 2030, des représentants de la presse et des inconditionnels de l'histoire et de la littérature, le coordonnateur exécutif de Page Blanche, Jimmy Borgella, a souligné l’importance patrimoniale de l’atelier, évoquant son rôle central dans la préservation et la valorisation de la mémoire collective afro-caribéenne à travers l’écriture.
De son côté, Michel Soukar, historien et romancier désigné animateur des ateliers, a livré une réflexion profonde sur le lien entre histoire et fiction. Il a évoqué les défis de la transmission des idées, déclarant :
« Il est difficile de faire rentrer ce qu’on a dans sa tête dans la tête des autres. »
Soukar a également fait allusion à Cora Geffrard, son roman historique qui a reçu la mention spéciale de l’Association des écrivains de langue française de la Caraïbe. Pour lui, l’écrivain-historien porte en lui une dualité féconde :
« Celui qui est à la fois romancier et historien a deux personnes dans sa tête. » « L’histoire doit être au service du roman, mais ne doit pas l’asservir. »
Cette initiative se présente comme un véritable pont entre la mémoire collective et l’élan créatif, en tissant des liens subtils entre les archives vécues et les fictions rêvées. Une façon d´inviter à une réappropriation sensible du réel, à travers les voix authentiques de celles et ceux qui le vivent et le façonnent au quotidien.
Valéry Gérôme