Trois dramaturges haïtiens présélectionnés pour le Prix Théâtre RFI 2025

Parmi les 143 textes reçus cette année pour le Prix Théâtre RFI, venus de 22 pays, trois œuvres haïtiennes se hissent dans la prestigieuse présélection finale. Furieuses de Rolaphton Mercure, Traduit du délire de Jamie Moon Dayiti et Épine de Smeralda Jean Philippe Tanis témoignent d’un théâtre haïtien toujours  vibrant, audacieux et résolument politique.

Trois dramaturges haïtiens, trois univers, un même élan de révolte et de poésie. La sélection finale du Prix Théâtre RFI 2025 fait cette année la part belle aux voix d’Haïti, un pays dont la scène contemporaine, bien que souvent méconnue, s’impose par la force de ses écritures. Le jury du Collectif À mots découverts, composé d’Elise Blaché, Françoise Cousin et Christine Gagnepain, a retenu douze textes pour cette édition . Parmi eux, trois œuvres venues d’Haïti, Rolaphton Mercure, déjà connu pour son engagement littéraire et scénique, propose avec Furieuses un texte de colère et de lucidité, porté par une langue tendue, sensuelle et incisive. Il y met en scène des femmes blessées, debout, brûlantes d’indignation, qui refusent le silence et l’effacement. Une écriture à fleur de peau qui interroge la mémoire, le corps et la résistance.

Jamie Moon Dayiti, dans Traduit du délire, explore les vertiges de la psyché, les zones troubles de l’esprit et la frontière floue entre folie individuelle et violence collective. C’est une œuvre à la fois onirique et dérangeante, un texte labyrinthique où la parole devient exutoire et rébellion, où chaque personnage lutte contre l’effacement de son histoire.

Enfin, Smeralda Jean Philippe Tanis signe avec Épine une pièce d’une grande finesse poétique, nourrie de tensions intimes et de conflits sociaux. Elle y déploie une dramaturgie de l’émotion retenue, travaillant les silences, les blessures muettes, les douleurs non dites, mais aussi les élans vers la guérison et la beauté.

Un théâtre de l’insoumission et de la parole libérée

À travers ces trois  textes haïtiens, c’est une même volonté de dire l’indicible, de rompre le silence et de faire exister d’autres récits qui s’exprime. Le comité de lecture souligne la montée en puissance de l’écriture féminine, qui s’impose cette année comme un levier majeur de renouvellement politique dans la dramaturgie francophone. De nombreuses pièces donnent voix aux femmes, aux enfants, aux marginaux, aux oubliés, et ouvrent des espaces de jeu puissants pour les comédiennes.

Le théâtre retenu par le Prix RFI est un théâtre du réel, souvent frontal, parfois trivial, mais toujours habité par une dimension poétique, une langue qui dit la rage, le rêve, l’urgence de vivre. À travers ces mots, ces corps et ces voix, ce sont les systèmes de domination  patriarcat, violence politique, colonialisme persistant qui sont mis à nu.

Rendez-vous à Limoges pour le verdict final

Le ou la lauréat·e du Prix Théâtre RFI 2025 sera dévoilé·e le dimanche 28 septembre, lors du festival Zébrures d’automne à Limoges. En attendant, ces douze textes finalistes nous invitent à lire, à écouter et à ressentir autrement le monde. Et à reconnaître, dans le bouillonnement dramatique haïtien, un souffle nécessaire et irrépressible.

 

Schultz Laurent Junior

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