Schultz Laurent Junior, cet écrivain- peintre de l’âme humaine est le symbole d’une époque et d’une génération qui a su porter le métier du journalisme culturel sur les cimes stellaires de l’océan de l’art.comme rédacteur des journaux majeurs en Haïti. Il a mis sa plume au service de plusieurs revues et journaux du pays notamment La Scène, Écho Ayiti Le National et le Nouvelliste. Nombre de ses articles ont été traduits en anglais et repris par plusieurs médias en ligne à l'étranger. Par sa plume ciselée et incantatoire, il rythme à merveille une œuvre poétique d’une grande singularité. Sa symphonie littéraire est une combine de poésie qu’il publie depuis 1999 et de nouvelles. Ses principaux recueils de poésie Bouquet d’amour, Et si mon cœur te chantait, Des Printemps fanés, Cime et océan ont porte son nom dans le hall de la nouvelle génération de poètes en Haïti.
En 2013, il fait paraitre Sur les traces de l’aube. Recueil de seize (16) nouvelles regorgé de titres comme : Ainsi va la vie, Errance, Au-delà de l’amour, Entre l’oubli et l’espoir, Après le goût amer, Et l’amour a compris, etc. Dans ce recueil lunaire, Laurent Junior excelle dans ce qu’on appelle une littérature-humaine. Cette littérature qui fait de l’homme la pierre angulaire de la conception artistique n’a de cesse porté un regard acuité sur ce genre et ses conditionnements. À travers ce texte, l’auteur entend fouiller jusqu’à la substantifique moelle les travers de l’âme humaine, ballotée par des vagues meurtrières et incertaines de l’existence.
Paré d’un lyrisme envoutant, ce texte révèle sans détour la complexité macabre et accablante de la condition du genre humain. Par ailleurs, il manifeste avec élégance, la dextérité d’un auteur emphatique, un porte-voix des maux qui se déversent sur l’homme espérant ou dans l’attente d’issus illusoires. Ce recueil est porté par l’élan des thèmes majeurs comme : la souffrance, la douleur, le drame, la rêverie, l’amour, l’espérance, le silence, la foi, la solitude et le renouveau. Par sa variété, ce oasis poétique aux perspectives multiples dépeint le paysage de l’homme foudroyé, diminué et harassé par l’autre face de la nature à qui nul ne peut s’interposer. Si ce recueil, à travers chaque nouvelle, revigore notre mémoire sur de grands classiques de la littérature dans son entièreté comme, L’humaine condition d’André Malraux, Les dix hommes noirs d’Etzer Vilaire, etc., il porte en lui une originalité qui se distingue : par le style épuré de l’auteur, ses personnages héroïques et l’insertion de la condition sociopolitique en résonnance dans le texte.
Dans Sur les traces de l’aube, nouvelle éponyme du recueil, l’auteur met en lumière une histoire particulière et surréaliste. Sandra, une jeune fille qui se trouve coincée dans un trou béant où on n’aperçoit que le vide et le néant, est lâchée par sa tante devenue chômeuse. Orpheline bipolaire, elle vit désormais au déterminisme de ceux qui sont dépossédés de tout, arpentant les rues de Port-au-Prince depuis deux jours. À la fin d’une funérailles, elle croise la route de Gaëlle, Régine et Édouard, tous, étudiants a l’université. Épris de tristesse et d’humanisme ils se concertent à faire demeurer Sandra sous leur ombre, question de créer un horizon nouveau et favorable à cette jeune fille.
« Le visage pâle pareil à une salle d’attente, Sandra a fait la connaissance d’Édouard qui lui disait qu’ils sont dorénavant à ses côtés pour l’aider à surmonter ses difficultés. » p. 109
Ce passage dévoile en substance l’enjeu majeur de cette nouvelle. Face à l’opacité et le miroitement de la destinée malheureuse de l’être humain, il existe une bien meilleure solution. Cette solution c’est le genre humain. La devise c’est que l’homme doit apporter la lumière de l’espoir sur les traces de l’aube des oubliés de la sombre existence humaine. L’homme ne doit plus être écrasé par l’absurdité de l’univers et la fatalité morbidesse de la vie. Fini avec la gloutonnerie de l’homme pour l’homme ! Il est séant que l’on fasse de sa vie une rançon pour le bonheur et le bien-être de l’autre. Aussi, dans cette veine humaniste et humanisant, l’auteur se prétend de restaurer le discours de la littérature a sa préoccupation primaire, la nature humaine.
Il y’a un intérêt essentiel et judicieux à lire ce recueil de nouvelles. D’abord, il est une photographie de la réalité et des mœurs de la société haïtienne. Ensuite, la lucidité et limpidité des textes permettent de cerner dans les moindres mesures le contenu alléchant de ce texte sans tomber dans une mécanisation austère et puérile de l’écriture.
Jameson Christanval