DDN: Deyò Deyò Nèt

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Cette musique s’attaque aux faux-amis, aux jaloux, aux haineux et aux traîtres qui empoisonnent la vie de leurs proches. Intrusifs et envahissants, ils intoxiquent l’existence des bonnes gens débordant d’amour, d’empathie et de sincérité.

 

L’amitié, l’amour et la confiance, ces piliers essentiels de nos relations humaines, renforcent les liens sociaux et consolident l’harmonie collective. Pourtant, la jalousie et la trahison viennent désagréger cet équilibre émotionnel, fissurant la sociabilité naturelle de l’homme.

 

Face à la trahison, il ne faut pas se laisser abattre. Aussi douloureuse soit-elle, elle peut devenir une opportunité de réflexion intérieure et de résilience. C’est cette idée que KLASS explore dans Deyò Deyò Nèt, extrait de leur quatrième album. Ce morceau, avec un texte simple, mais percutant, pulvérise l’énergie toxique des artificieux tout en dénonçant subtilement les vautours du HMI (Haïtian Music Industry).

 

          «Bondye di fò w padone, men nou pap pran kou nan do ankò.»

 

Le pardon apaise le cœur et aide à guérir les blessures, mais les cicatrices, elles, restent, rappelant les offenses et les préjudices subis. La chanson souligne la rareté de l’amitié sincère, qui, comme un bon vin, se bonifie avec le temps :

 

          «Sèjousi li pa fasil pou w gen bon zanmi.

Ou te mèt bon moun, yon ti moman yo ka chanje sou ou.»

 

Loyauté et double thématique

 

Dans Deyò Deyò Nèt et Dwat Pou w Vini, la loyauté est au centre des préoccupations, liant ces deux morceaux comme deux étoiles jumelles, rappelant Sirius, la plus brillante du ciel nocturne.

 

La loyauté, une qualité morale rare, surtout dans le milieu du showbiz haïtien, est également un thème récurrent dans ces chansons. Cela reflète une triste réalité: les trahisons et le manque de fidélité auxquels le groupe KLASS – et probablement d’autres formations musicales – sont confrontés.

 

D’un point de vue confucéen, la loyauté, enracinée dans la fidélité, rend les individus dignes de confiance et exclut le mensonge et la tromperie des relations humaines. Il est évident que l’industrie musicale haïtienne ne pourra prospérer sans ces valeurs fondamentales : confiance, respect et probité.

 

          «Mesyedam, pran prekosyon ak moun k ap antre sou nou.

Gen sa k vin ak bon lide, gen sa k vin fè mechanste.

Gen k ap fin ba w vye kou, mache sal ou toupatou.»

 

Ghosting et zombification sociale

 

Le ghosting, qui consiste à couper brutalement toute communication sans avertissement, est un phénomène amplifié par l’ère numérique. Il reflète une perte croissante d’empathie dans nos sociétés, accentuée par une culture centrée sur le narcissisme et l’individualisme.

 

          «Ebyen, se on piyay…

Ou fin detwi m kounya w vle back, zanmi.

Gen dega ou poze ki pap janm ka efase.»

 

Le zombiing, version contemporaine de cette « réapparition » soudaine d’un traître dans la vie d’une personne, est également amplifié par les réseaux sociaux et les rencontres en ligne depuis les années 2000. Comme la chanson le suggère, ces comportements ne se limitent pas aux relations intimes. Ils surviennent aussi dans les amitiés, les relations familiales et même dans le milieu professionnel ou artistique. Le secteur de l’entertainment haïtien n’est pas épargné.

 

Un souffle de résilience

 

Deyò Deyò Nèt est un hymne à la résilience et au courage. Malgré l’amertume des séparations, il invite à la stoïcité. Fermez la porte, définitivement, aux traîtres d’aujourd’hui et aux flagorneurs de demain!

 

Yves Lafortune

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