Radiographie d'une mentalité de gouverner par le chaos

Inspiré du poème quand ils sont venus chercher... de Martin Niemöler, ce court texte est une tentative désespérée pour chercher à comprendre le comportement incompréhensif de certains haïtiens dans leur mentatilité destructive avec leurs alliés de la communauté internationale.  

     Lorsqu'on brulait les macoutes après le 7 février 1986, vous ne disiez rien, puisque ni vos parents et proches amis n'étiez pas membres des VSN (Volontaires de la Sécurité nationale). Ainsi, au lieu de prendre position contre cet acte barbare, vous faisiez de la promotion du père Lébrun. 

     C'était aussi le même cadre figure, lorsque, le 29 novembre 1987, dans les bureaux de vote à la ruelle Vaillant, du haut de Lalue, les macoutes et militaires assassinaient les électeurs avec des bulletins de vote en mains. En quoi cela vous concernait? Vous étiez apolitique.

     Puis moins de deux ans plus tard, spécialement en septembre 1989, les  brassards rouges brulaient l'église Saint Jean Bosco à La Saline. Vous ne disiez absolument rien, parce que vous n'étiez pas catholique. Cela ne vous regardait pas. Vous étiez de foi protestante. 

     Et dans le processus de gouverner par le chaos, deux ans plus tard, comme les attachés refusaient de se détacher du pouvoir politique post Jean-Claude Duvalier, donc en septembre 1991, avec le support des ambassades en Haïti, l'oligarchie locale, et l'armée d'Haïti, brutalement ils mettaient fin au rêve rêvé des rêveurs lavalassiens. Encore, vous vous réjouissiez parce que vous étiez allié des militaires.

     Puis vinrent les membres du FRAPH. Ils frappaient encore beaucoup plus fort dans les quartiers populaires. Ils arrêtaient, incarcéraient, battaient, violaient et tuaient les sympathisants de l'autre qui était en exil. Ce n'était pas vos affaires puisque vous n'étiez pas lavalassien.

     Et après trois ans de va-et-vient diplomatique, dans un semblant de restaurer la démocratie, comme en 1915, les blancs débarquaient en septembre 1994 pour retourner le président qui était en exil à Washington.

     Dix ans plus tard, puisque vous n'aviez rien appris du processus de gouverner par le chaos des pays dits amis de la communauté internationale, en 2004, dans un complot avec un “révolutionnaire”, mais sans conscience révolutionnaire, des assaillants brulaient des commissariats de police du pays. En tant qu'observateur de l'institut d'observation des laboratoires  de tous les maux d'Haïti, encore vous n'aviez pas dénoncé ces actes de brigandage des rebelles.

     Des colons qui, de leur mentalité de raciste et de position de pouvoir politique dominante à l'échelle internationale, après le kidnapping d’un président en fonction, sous forme de justification d'une mission salvatrice, étaient encore retournés au pays. Encore, vous n'aviez absolument rien dit. Au contraire, du projet de contrat social annoncé en grande pompe, vous aviez eu plus de franchises et de monopoles qu'avant.

     En 2010, après le meurtrier tremblement de terre du 12 janvier, vous étiez candidat aux présidentielles de novembre de cette même année. Et en tant que bandit illlégal qui cherchait, avec un pouvoir politique, à devenir légal, pour forcer le Conseil électoral d'alors à faire choix de votre personne au second tour du processus, vos supporteurs mettaient le feu dans des bureaux publics dans la ville des Cayes. Pour vous, c'était normal. 

     Puis, pour pérenniser dans le mal, dans des élections frauduleuses, illégalement, des bandits, devenus légaux, étaient arrivés au pouvoir. Dirigé par un chef d’État fêtard, avec des activités mondaines un peu partout, Haïti avait connu tous les mots en « al » qui ne pouvaient pas changer en « aux ». C’est ainsi, de bal, festival, carnaval, avec un récital de mots ronflants, le pays était en fête solennellement en honneur du président musicien. Ce qui donnait lieu à un président peu respectueux des bonnes mœurs au Palais national.

     Et d’un chef de gouvernement qui ne jouait pas avec les chiffres à la Primature, c’était la gabegie administrative avec un gouvernement de grands mangeurs avec des dépenses folles. Si bien que, d’un président fêtard à un chef de gouvernement vantard, les deux formaient un pouvoir exécutif grandiloquent comme deux tonneaux vides.

     À côté de tout ça, il y avait aussi un parlement constitué des honorables qui, dans leur savoir-faire des affaires imparfaites, étaient très déshonorables au Bicentenaire. Donc c’était une équipe de bandits légaux avec, illégalement, le plein pouvoir exécutif et législatif pour détruire de ce qui était resté de la perle des Antilles. Ces bandits légaux, illégalement mal élus, dans leurs conspirations avec l’international contre le pays, avaient le boulevard libre pour que librement ils continuent non seulement de piller le trésor public, mais aussi à distribuer des armes aux bandits dans des quartiers populaires.  

     Ainsi, pendant que les bandits assassinaient les gens à la Saline, Bel-Air, Carrefour feuilles, Pont Rouge, etc., comme vous ne disiez rien, en juillet 2021, le président de la République était, lui aussi, assassiné. 

     Après cet assassinat inutile, comme, d'ailleurs tous les autres, sous le gouvernement d'un chef insouciant, soumis, insconsciant, irresponsable, les bandits continuaient à kidnapper, violer, tuer et bruler les écoles, business, églises, policiers, etc., encore vous ne disiez rien. Cela ne vous concernait pas par ce que votre famille ne vivait pas en Haïti.

     Comme vous ne viviez pas en Haïti, en dépit de l’embargo d'armes sur Haïti, même lorsque certains apatrides dans les communautés haïtiennes de la diaspora continuaient d'alimenter les bandits en armes et en munitions, vous aviez fait semblant de ne pas comprendre. En lieu et place, vous avez encouragé financièrement les actes de banditisme des voyous dans leur faux mouvement de révolution.

     Mais assez. "Il faut savoir quitter les choses avant que les choses ne vous quittent". C'est avec cette phrase du Général de Gaulles que je vous dis: de territoires perdus, bals perdus et autres, vous devez vous arrêter de supporter l'insurportable? 

 

Esau Jean-Baptiste

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES