Musée haïtien de l’Église catholique: exposer la mémoire des Cathédrales !

Dans l’annonce de l’incendie survenu  le mercredi 27 juillet 2022, ce ne sont pas que des murs, des meubles, des toitures, des bureaux  et un autel qui sont principalement touchés dans ce désordre urbain, dans ce chaos social, et dans cette institutionnalisation de la déshumanisation de la capitale haïtienne. Ce sont surtout des souvenirs et la mémoire collective de plusieurs générations, qui au fur et à mesure tombent sous la violence des catastrophes humaines et naturelles. 

Depuis le Concordat de 1860, et bien avant cette année phare dans les relations entre Haïti et le Saint-Siège, notamment durant la période sombre de la colonie de Saint-Domingue, l'Église Catholique alimente, influence et enrichit le patrimoine haïtien dans ses multiples dimensions.

Du patrimoine religieux, en passant par le patrimoine éducatif, artistique, historique, diplomatique, économique, médiatique,  culturel et certainement symbolique, on ne peut compter les archives de toutes sortes, et autant les documents et les images authentiques, secrets, administratifs, techniques, juridiques ou publics qui enrichissent les tiroirs et les casiers de l’empire catholique.

Du nombre de ces documents, on retiendra certainement la mémoire des cathédrales en Haïti, l’ensemble des documents et des dossiers, des images et des plans, dont une somme importante pourrait faire l’objet d’une exposition sur l’histoire des constructions de cathédrales en Haïti. 

Dans quel espace au sein des temples catholiques en Haïti, peut-on voir les plans de ces édifices construits au fil des mois et des années, et parfois réaménagés à chaque époque ? Qui sont les principaux ingénieurs et architectes haïtiens et étrangers, qui se sont inscrits dans les grands projets d'études, dans ses heures de calculs et ses interventions techniques et scientifiques jusqu'à accoucher ces bâtiments architecturaux et ces monuments religieux ?

De quelle forêt sont puisés les bois qui ont servi dans la fabrication de ces bancs si solides et résistants qui ont accueilli sans répit le repos et la respiration des milliers de fidèles, des anonymes comme des officiels, des francs catholiques comme des pèlerins de passage ou en mission religieuse, mystique ou énigmatique ?

Dans le prochain musée de l'Église catholique en Haïti, les étudiants en architecture en Haïti comme dans d’autres pays, souhaiteraient pour la première fois découvrir la cartographie des temples établis sur tout le territoire national.

Des styles architecturaux, et les tendances de chaque époque  méritent une place dans la prochaine exposition sur la mémoire des cathédrales en Haïti. Les décorations aussi bien les symboles religieux et mystiques les plus affirmés doivent trouver un objet, une fiche descriptive ou une projection pour accrocher le regard des visiteurs. 

D’autres chercheurs moins exigeants souhaiteraient visualiser les images des différents bâtiments, pour apprécier l’architecture et la représentation des différents matériaux utilisés dans ces constructions.

Dieu finira certainement un jour par pardonner ces auteurs à répétition de ces incendies et d’autres attaques contre tous les hauts lieux spirituels comme dans la destruction du patrimoine religieux en Haïti, comme ce fut le cas souhaitons le pour le pardon divin certainement reçu par les auteurs catholiques il y  a des années de cela, impliquées dans les différentes campagnes de rejetées qu’à connu le secteur Vodou en Haïti.

Dans tous les sens, et dans toutes les circonstances et quelques soit l’appartenance religieuse, les conventions sur la promotion et le respect de la diversité culturelle, incluant les religions, nous encouragent à promouvoir l’harmonie entre les groupes et les communautés influents ou affirmant des aspirations différentes.  

Derrière ces attaques regrettables et ces incidents irrécupérables, il faudrait surtout encourager une meilleure implication de tous les acteurs religieux, notamment de la puissante Église catholique, dans la promotion d’une nouvelle éducation sociale, tournée vers le sens et l’importance du bien commun dans les temples et médias en Haïti.

De la nécessité pour les prêtres de l'Église catholique d’encourager dans leur communication publique et leurs activités ecclésiastiques les plus diversifiées et orientées vers des publics divers, cette forme d’implication chrétienne et de responsabilité citoyenne, dans la protection des vies autant que des biens. 

Découvrir l'histoire des bâtiments religieux en Haïti trouverait toutes ses lettres de noblesse à travers le parc des temples catholiques. Une occasion unique pour contempler les travaux du début jusqu'à la fin, en passant par l'implication de tous les corps de métiers mobilisés, les institutions locales et internationales recrutées, et certainement les noms des familles donateurs, ainsi que les pionniers qui vont utiliser ces équipements religieux.  

Dans les deux sens, les vies représentent certainement une nouvelle forme de patrimoine divin et spirituel qui se renouvelle, tandis que les biens appartiennent à la liste du patrimoine économique, bâti, physique, religieux, institutionnel, culturel, matériel, symbolique, collectif, etc.

Dans le Musée haïtien de l’Église Catholique, les collections d’objets de toutes sortes, comme les expositions qui raconteront l’histoire du Vatican et des différents nonces, et des différentes autres autorités qui continuent de se succéder, permettront au grand public et à la grande communauté religieuse catholique de célébrer Dieu dans d’autres formes de manifestations, de diffusions et d'interprétation.

Des temples catholiques sont détruits à chaque grande catastrophe naturelle et sont souvent affectés lors des troubles politiques et les mouvements sociaux, et pourtant on n’arrive pas à trouver une publication, des ouvrages, des catalogues qui présentent des regards croisés sur l’histoire et l'évolution de ces temples, à l’exception de quelques auteurs et chercheurs.

Dans cette mémoire importante à constituer sur les temples en Haïti, entre leurs formes esthétiques, leur utilité sociale et religieuse, leur fonctionnement administratif, et leurs relations supra humaine et mystiques, entre l'homme et la nature, entre les vivants et le monde invisible, des informations relatives aux dates, aux faits sociopolitiques, aux secrets et aux esprits qui les habitent pourraient grandement renforcer leur caractère hors norme dans l'espace public et l'imaginaire collectif, en tant que patrimoine à préserver et à protéger. 

Dans la littérature religieuse en Haïti, en dehors de feu Rachel Beauvoir Dominique, et de l'ingénieur Claude Prepetit, les ouvrages à caractère religieux ou les recherches sur l’histoire, les catastrophes et le symbolisme des lieux religieux et mystiques en Haïti ne bénéficient pas toujours d’une large vulgarisation, même si la soif des fidèles et des profanes demeure encore assez vive. Il nous faut ce musée, pour recoller les morceaux les plus importants dans l’histoire de chaque temple. Il nous faut ce musée pour exposer la mémoire des cathédrales en Haïti et le souvenir des pèlerinages avant, pendant et après le séisme du 12 janvier 2010, et la catastrophe humanitaire en cours en 2022.   

Dieu tout en pardonnant  ou  en punissant par le feu, la terre, l’air et l’eau, ces mains qui  participent dans la destruction, la détérioration et l’affaiblissement de ces temples établis dans le pays qui prie religieusement tous les saints, pourrait aussi bien interpeller les plus hauts responsables religieux en Haïti, qui manqueront d'aménager dans chaque temple, un coin muséal pour raconter l’histoire du temple, pour permettre aux visiteurs et aux fidèles de découvrir l'évolution de l’institution, entre les dates, les faits et les personnalités les plus importantes comme les anonymes, qui se sont dédiées presque ou totalement au service de leur foi en Dieu.

 

Dominique Domerçant    

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