En mémoire de mon frère, Gabriel Hérard

Je remercie toutes les personnes qui m’ont témoigné leur sympathie à l'annonce de la disparition de mon frère, Gabriel Hérard, décédé le 16 mars à Bruxelles.

Beaucoup d’Haïtiens reconnaissants ont évoqué sa contribution à la lutte qu’il a menée pendant sa jeunesse contre la dictature, ce qui lui a d’ailleurs valu des années de prison et de tortures. D’autres ont souligné son grand apport à l’éducation : il a enseigné pendant plus de 40 ans dans plusieurs lycées et universités de la capitale. C’était sa passion. Il travaillait 7 jours sur 7, jamais de vacances. « Le travail c’est ma thérapie ! », disait-il. Cela prémunit contre les angoisses existentielles.

On a beaucoup parlé là de l’homme public. L’homme privé, c’est Dany Laferrière qui le décrit le mieux dans un courriel qu’il m’a adressé après avoir été informé du décès : « Comme cela m’attriste, car je tiens Gabriel pour un homme pur qui s’est frotté comme nous tous à l’étrange réalité. Il avait une façon particulière de s’intéresser à ce que l’autre lui disait. Sa façon de marcher comme un enfant heureux de faire partie de la foule. Son sourire d’un homme ravi d’être en vie. Notre cher Gabriel. Tristesse pour son départ, mais sourire de l’avoir connu à son meilleur, le jeune homme qui se parfume avant de sortir. Un jeune homme au cœur tumescent obsédé par l’idée de pouvoir apporter le moindre changement à la vie des autres. »

 

Qu’il a raison !

 

Je saisis ce moment pour saluer et remercier sa courageuse épouse, Macdèle Hérard, qui a accompagné mon frère jusqu'à son dernier souffle. Merci à sa fille, Coralie et son époux qui ont été constamment présents à son côté. Merci aussi à Élodie dont le destin heureux a voulu qu'elle ait pu l’an dernier passer trois mois avec lui.

Je salue et présente mes condoléances émues à tous ses enfants, Dimitri, Élodie, Coralie, Cassandra, Jihane, Daphné et Sébastian.

Mais qu'il me soit permis d'exprimer ici mon indignation du fait que des gens malintentionnés (« journalistes » autoproclamés, soi-disant lanceurs d'alerte, petits politiciens et autres manipulateurs de tout acabit) qui, sans égard pour cette tragédie qui frappe notre famille, en profitent pour répandre et alimenter les rumeurs les plus farfelues, non vérifiées et invérifiables sur le fils de Gabriel, Dimitri Hérard. Que ces gens laissent notre famille faire son deuil en paix et arrêtent d'opposer père et fils non sur la seule base de faits avérés, mais sur des on-dit et autres racontars. 

Gabs chéri, je regrette immensément que tu n’aies pas eu le temps de réaliser trois choses qui te tenaient tant à cœur. Un : renouveler religieusement tes vœux d'amour à ton épouse bien-aimée, cérémonie que tu avais prévue en février et après en mars. Deux : tu souhaitais aller aux États-Unis serrer dans tes bras ton frère cadet, Jean-Robert, que tu n’avais pas vu depuis six ans et en même temps voir ta sœur Nancy. Trois : venir me rendre visite en Allemagne et t’y faire soigner, en sachant que « la médecine allemande a bonne réputation ». Je suis profondément attristée et j’ai du mal à croire que la conversation téléphonique que nous avons eue quelques jours seulement avant ton départ pour l’au-delà était la dernière.

 

Huguette Hérard (Ta Gousse )

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