Martin Luther King, une 56e bougie posthume sous l’éclat du « Giant Triplex »

Aujourd’hui, 15 janvier 2024, une America magnanime aurait dû être en liesse pour célébrer de manière anthume 95 ans de naissance d’une âme légendaire. Figure emblématique de la paix, Martin L. King est l’incarnation de la justice, la sécurité et la fraternité. MLK a été inspiré par une vision et un charisme exceptionnel pour défendre l'idée d'une nouvelle société américaine et d'un univers sans violence, sans discrimination, ni exclusion économique, politique et sociale.

Prônant un monde libre et juste où régissent la paix et le bonheur, les œuvres de MLK ont transcendé les frontières des États-Unis pour toucher la planète entière. Ses plaidoiries reflètent la noble vision prescrite dans les préceptes bibliques. L’on perçoit également une cristallisation de la trame des nombreuses conventions internationales qui portent sur les intégrations, le respect des droits humains et la prospérité partagée.

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Malheureusement, en raison des vices et des atavismes toxiques qui entraînent la démence de la raison, Martin L. King n’a même pas eu la chance de souffler une quarantième bougie auprès des siens. C’est à seulement 39 ans qu’allait prendre fin le périple terrestre de MLK qui combattait de toutes ses forces humaines et spirituelles le « Giant Triplex » : le racisme, le matérialisme et le militarisme.

C’est au prix de son sang versé dans la précocité que Martin L. King s’attelait à chasser la méchanceté et l’animosité qui empoisonnent la gouvernance des leaders de son temps. Les plaidoiries du révérend pour un monde juste visaient l’éradication du racisme, du matérialisme et du militarisme qui sont à ses yeux les sources des discriminations, des exclusions et des exterminations gratuites.

Plus d’un demi-siècle après son ultime départ pour le séjour éternel, il s’avère utile aux gouvernements de dresser le bilan des projets soutenus par le digne prix Nobel de la paix de 1964 qui plaidait pour un monde imprégné de diversité, d’inclusion et d’équité.

 

L'arme de la dialectique d’une âme légendaire

Le révérend Martin Luther King menait une lutte sans merci pour triompher sur les trois grands fléaux de l’humanité qu’il baptise de « Giant Triplex » : le racisme, le matérialisme et le militarisme. À la haine, il ripostait par l’amour. Personne ne produit un impact réel dans la vie par sa teinte épidermique, qui est une variable neutre et insignifiante. Le racisme est l’apanage de gens minables d’esprit et de cœur vide. Les créations, les fascinations, les merveilles, les changements favorables à de meilleurs standards de vies proviennent du cœur et de l’esprit. Les Blancs, les Noirs, les Jaunes et les Bruns sont détenteurs de ces deux facultés. Martin L. King preconisait un monde où règnent l’égalité des chance, l’harmonie, la paix et l’accès au bien-être pour tous et pour toutes.

Pour transformer les coeurs et les esprits, Martin L. King prononçait de multiples discours dont Where Do We Go From Here; I’ve Been to the Mountaintop; Beyond Vietnam; Loving Your Enemies et le fameux « I Have a Dream ». Le révérend militait également contre les injustices à travers des sit-in et des marches en faveur du travail et de la liberté. Dans ce dernier type de répertoire, on recense la marche pour l'intégration des jeunes dans les écoles, sans distinction de couleur ; la marche de Selma pour revendiquer les droits de vote. Témoigner reconnaissance envers cet icone de la paix devrait entraîner l’alternative pour les nations de l’Orient et de l’Occident d’adopter des attitudes de fraternité, d’inclusion et de justice sociale.

Évidemment, des progrès substantiels ont été réalisés, particulièrement sur le plan des échanges et de l’intégration de tous les humains dans les dynamiques politiques et sociales. Cependant, les convoitises nourries par les enjeux géopolitiques prouvent que Martin L. King a été plusieurs fois assassiné à titre posthume. La course à la fortune aveugle afin de maintenir la suprématie engendre la folie des sociétés industrielles qui n’épargnent pas la flore, la faune, ni les vies humaines.

 

Des progrès mi-figue mi-raisin

Un grand nombre de programmes d'échanges culturels, comprenant des bourses d'études, ont été mis en place pour renforcer le capital humain des pays du Sud. Des millions de boursiers, réfugiés, émigrés, exilés, issus de différentes ethnies, résident aux États-Unis, au Canada et en Europe, fréquentant les universités les plus prestigieuses et évoluant dans des domaines économiques, politiques, sportifs, culturels et artistiques hautement compétitifs. Dans un mélange harmonieux de toutes les races et de toutes les classes sociales, les individus génèrent richesse et bonheur, que les institutions nobles aspirent à voir partagés par tous les enfants de la planète. Cependant, il est regrettable que les pays occidentaux entreprennent des projets macabres visant à priver les pays en développement de leurs meilleures ressources humaines.

Hormis de rares exceptions, les portes des restaurants sont ouvertes à tous les genres, toutes les couleurs. Les Noirs sont assis confortablement dans les bus de transport public sans encourir le risque de se faire lyncher. Aux deux genres, le droit de vote a été accordé et étendu non seulement en Amérique mais à plusieurs territoires de la planète. Malheureusement, dans une ingérence nourrie par le paradoxe des ressources naturelles, les élections dans les pays du Sud se soldent en permanence en des résultats frauduleux. Contre la logique de l’efficience et de la création de la richesse au profit de la collectivité, l’Occident adule les crapules aux axes stratégiques des pays qu’il appauvrit.

Victoire de la justice et de la raison, les Noirs aussi deviennent des actionnaires et des propriétaires d’entreprises. Dans une belle extension, l’exquisité du monde culturel et artistique repose sur la robustesse et la dextérité des Noirs. À la Hollywood, dans les arènes sportives telles que la NBA, le NFL, la WTA, les Noirs brillent par leur corpulence et leur intelligence. À l’université, les Noirs produisent ; ils enseignent ; ils font des recherches ; ils publient des réflexions aux impacts gigantesques. Un Noir démocratiquement accédé à la Maison Blanche pour assurer le management du Bureau Ovale a constitué l’apothéose de cette lutte d’égalité des chances engagées par MLK. Récemment encore, la communauté anciennement discriminée festoyait dans la gaîté l’ascension de Claudine Gay à la présidence de la prestigieuse université de la Harvard, une Noire, une Femme, de descendance haïtienne. Malheureusement, les forces de l’ombre avaient conspiré pour la mettre en déroute, dans la précocité. 

Sur le plan ethnique, l’humanité s’est davantage humanisée pour se rendre à l’évidence que le cerveau n’est pas unicolore, la paix n’est pas réservée exclusivement à une certaine race unique. Le nouveau paradigme préconise davantage un lieu de travail diversifié et inclusif pour enrichir non seulement l'expérience professionnelle, mais également stimuler l'innovation et le succès au bénéfice de toute la société. Quand on se rappelle l’énorme coût économique et social du racisme pour l’humanité, seuls des cœurs endurcis et des esprits exigus tentent encore de nourrir la bêtise de cataloguer des professionnels sur la base de la teinture épidermique.

 

Un monde de plus en plus injuste et belliqueux

Le Dr. King était préoccupé par les pertes matérielles massives, les vies humaines sacrifiées, ainsi que les énormes coûts d'opportunité engendrés par les guerres, entraînant l'effusion de sang et semant le deuil au sein de nombreuses familles. Les conflits armés ont pour effet d'endurcir les cœurs et priver les individus de la paix et du bonheur. Investir des milliards de dollars dans les guerres entraîne des désinvestissements dans des politiques publiques, une diminution des fonds alloués à la réduction des inégalités, l'éradication de la pauvreté et de la faim, et un manque d'intérêt pour l'élimination de l'analphabétisme à l'échelle mondiale. Cette pratique nourrit également l’anthropocène – ère des désordres de l’équilibre planétaire causés par les humains – qui contraste avec l’Objectif de la protection et la sauvegarde de la planète. La guerre nous éloigne considérablement des Objectifs du Développement Durable.

Dans un discours sur l'emploi en mars 1968, le Dr. King exprimait son scepticisme en déclarant : « Je doute que le gouvernement soit beaucoup plus préoccupé à remporter une guerre injuste au Vietnam qu'à mobiliser son énergie pour remporter la guerre contre la pauvreté ici, à la maison ». Plus d'un demi-siècle après, les États-Unis continuent de décevoir la mémoire de MLK qui extrapolerait pareils discours dans le contexte actuel du Yémen, de la Syrie, du Liban, de l’Ukraine, la Russie, l’Israël, la Palestine, etc. Des conflits et crise climatique au Soudan du Sud, des conflits au Nigéria, l’invasion russe de l’Ukraine, guerre civile en Somalie, au Yémen, guerre entre Israël et le Hamas, guerre en Éthiopie, conflits armés au Burkina Faso, en République démocratique du Congo ; la violence s’accroît à l’échelle mondiale. Il en résulte des crises, des maladies et une panoplie de pertes en vies humaines incluant des civiles et des enfants.

Sur le plan du militarisme, cela bouge énormément, mais dans le mauvais sens. De nombreux conflits et des guerres évitables éclatent à divers endroits : en Afrique, en Europe, en Asie, au Moyen-Orient. D’une part, l’incitation à alimenter de tels conflits trouve son explication dans le paradoxe de la malédiction des ressources naturelles. En raison de leur dotation en ressources minières et énergétiques, un ensemble de pays font l’objet de guerres civiles et de conflits armés. D’autre part, les missiles, les armes lourdes, les avions et bateaux de guerre produits par les géants de l’Occident sont censés être délivrés après leur production. Devant la rationalité de gagner des fortunes dans la vente d’armes et d’autres matériels de guerre, les pays industriels ne montrent aucune moralité quitte à nourrir de graves crises politiques et humanitaires. Haïti en fait partie des victimes. Alors qu’une arme coûte des milliers de dollars et que parallèlement les armes en circulation en Haïti proviennent surtout des États-Unis, des jeunes démunis s’identifiant à des gangs armés y ont accès pour semer la terreur et contrôler des artères stratégiques du pays.

Pendant les guerres, de nombreux civils sont tués ; des milliers de soldats perdent la vie ; des centaines de milliers sont blessés ; un grand nombre subissent des amputations ; d'innombrables veuves et orphelins sont laissés derrière. Les environnements sont dévastés, des handicaps physiques et mentaux se multiplient, des maladies se propagent, la famine s'installe, le désespoir s'instaure, la pollution se répand, le nombre de sans-abri augmente, et des maisons sont détruites. La liste des dommages et des souffrances causés par les guerres insensées engagées sans pitié par des sociétés se prétendant démocratiques et développées est terrifiante.

Le militarisme contraste avec les approches qui privilégient les négociations, l’empathie, les perspectives et les volontés de concessions et de compromis. Pourtant, le rôle des gouvernants devrait consister à utiliser des stratégies pour assurer l’harmonie et la fraternité entre les peuples.

Si l’Amérique s’attelle à allumer des feux d’artifice pour envoyer de fières chandelles en hommage à Martin L. King, elle doit cesser ses politiques hypocrites qui anéantissent d’autres nations. Elle doit adopter ce paradigme de la primauté de la vie sur les débris qui transcendait les discours du révérend King.  

Carly Dollin

carlydollin@gmail.com

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