Vers le festival «Diaman nan Bidonvil» en Haïti !

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Dans le succès  confirmé ou l'appropriation des qualités du contenu de la chanson « Diaman nan Bidonvil », dans plusieurs angles (texte, engagé, poésie, instrument, harmonie et mélodie), l’une des pièces socialement engagées de l'album LAS de la formation musicale Zafèm, il est possible d'explorer de nouvelles dimensions ou des créations de produits dérivés.

« Demen na wèl »

Des droits d'auteur à prendre certes, on retiendra que désormais que la vulgarisation progressive du concept « Diaman nan Bidonvil », porté par le  groupe Zafèm certes au sein de la population haïtienne, risque de dépasser les frontières des deux interprètes de la chanson, pour rentrer dans le patrimoine national.

Découvrons à travers l'éducation le rôle que cette composition pourrait jouer comme vecteur de sensibilisation des parents et de valorisation des enfants qu'il faudrait sauver à tout prix dans l'espace haïtien. « Si nou refize pran swen timoun yo, demen na wèl ! ».

Derrière cette parole qui interpelle, ces propos qui doivent servir de rappel ou d'avertissement pour toute la société, on pourrait inscrire ce concept dans le développement d'une une approche interdisciplinaire. À travers les différentes matières enseignées dans les écoles haïtiennes, notamment la littérature et les sciences sociales, les cours de musique et des arts plastiques, la physique et la géologie, les mathématique et l’économie, il est possible d'extraire les multiples dimensions « Diaman nan Bidonvil », pour approfondir les actions déjà initiées par le ministère de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle, lors des évaluations officielles de 2023.

Dans cette composition, pratiquement tous les acteurs du système éducatif sont interpellés au niveau préscolaire, primaire, secondaire, technique, professionnel, et universitaire. À travers les chorales des enfants en bas âge, les parents et les autorités seront informés. Les adolescents seront sensibilisés également sur le sort de leurs pairs dans les rues, à travers les cours de sciences sociales et d'économie, entre autres. Au niveau de la formation professionnelle et technique, les jeunes apprendront à reconnaître la valeur de ces diamants comme des ressources importantes, et les universitaires haïtiens pourront désormais se tourner vers les métiers relatifs à l'exploitation des mines.

Dans l'univers des industries culturelles, on pourrait retenir une liste des produits dérivés qui pourrait rentabiliser les différents aspects du concept « Diman nan Bidonvil ». Quels sont les produits et les services à développer dans les secteurs artistiques et culturels, dans les bidonvilles et au bénéfice des enfants, ces diamants qui trainent dans la boue, ces diamants qui brillent sous le soleil du désespoir, ces diamants que la misère divise, dévie de leur chemin et détruit à la fin par la faim.

Diman nan Bidonvil est avant tout plus qu'un simple poème engagé et chanson à caractère social, que l'on peut diffuser autant sur les places publiques, le transport en commun ou les salons privés qui accueillent les décideurs. C'est un concept multidimensionnel capable de réveiller l'intelligence collective et de ressusciter également l'intelligence économique. 

De l'éducation à la culture, on pourrait adapter ce concept à travers la production, la publication, et d'autres créations multiples comme un recueil de poèmes, un cahier de dessin, des pièces de Puzzle, un concours de dessin pour enfant, un concours national de musique et d'interprétation, un concours de peinture pour des jeunes artistes émergents, l’organisation d’une exposition de photos sur le sujet, la mise en scène d’une pièce de théâtre, les créations de chorégraphies de danse, parmi d’autres événements inédits et innovants. Et pourquoi pas l'organisation du festival Diaman nan Bidonvil ?

Dener Ceide et  Reginald Cangé seraient  ainsi honorés tant pour cette pièce musicale majeure que pour d'autres compositions, créations et contributions majeures à la jeunesse et au peuple d'Haïti, en termes d'engagement social.

Dans la programmation qui sera proposée au public, en particulier des enfants et des jeunes, leurs parents et les membres de la grande famille haïtienne évoluant dans les quartiers précaires du pays, ce festival aurait pour objectif d'éduquer, de sensibiliser et de responsabiliser les élites et les parents d'une part. Il permettrait en parallèle d'amuser les enfants, tout en exposant le capital humain comme principale ressource du pays. 

De nombreuses autres compositions musicales plus anciennes mériteraient une place importante dans ce festival « Diaman nan Bidonvil ». Des décennies avant l'arrivée de Zafèm, Georges Lys Hérard dit Master Dji, avait déjà interprété avec succès la chanson: « Pou timoun yo ». Sans compter plusieurs contributions inspirantes et importantes, socialisantes et solidaires portées par d'autres formations musicales haïtiennes comme King Posse, Mizik Mizik, entre autres. 

Dans la voix de Tifane, en dehors d'Emeline Michel, on retiendra l'une des plus belles compositions musicales haïtiennes dédiées aux enfants. « Mwen merite lanmou ». Cette chanson si douce et si profonde dans le message qu'elle inspire ne passe pas inaperçue, et pourrait même devancer Diaman nan Bidonvil, si l'artiste avait bénéficié du même écho que Lalin ak Solèy.

Dans ce festival Diman nan Bidonvil, il serait possible de découvrir parmi les plus belles créations artistiques, musicales, poétiques, culturelles, humanistes, citoyennes et solidaires qui participent dans la promotion des enfants en Haïti, sans aucune discrimination de race et de classe. En sachant que les images, l'héritage des violences et la vie sauvage des bidonvilles en Haïti représentent sur la scène internationale, entre les reportages des médias et les rapports des organisations, la carte de visite du pays.

Devant ce sombre tableau qui brille à travers ces villes misérables qui brûlent sous le poids des violences urbaines et de la misère chronique,  Haïti mérite plus que jamais, comme Tifane le réclame pour les enfants de l'amour, avec grand « A ». De l'amour et non des armes de guerre. De l'amour, de l'affection et des opportunités d'affaires pour exposer, exploiter et exporter les valeurs que représentent ces diamants qui trainent dans les bidonvilles.

D'une voix sincère et solidaire, encourageons dans l'agenda culturel de ces villes marginales l'organisation de ce festival. Encourageons en parallèle l'organisation des expositions de toutes les formes de création, d'animation, de production, de projection, de représentation et des interprétations des chansons par les enfants et les jeunes représentent l'avenir. Ces Diaman nan Bidonvil nous permettent de découvrir d'autres dimensions valorisantes. Une belle occasion pour mettre sans démagogie, sous les projecteurs, les talents artistiques et techniques, marginalisés dans plusieurs champs éducatifs, culturels et scientifiques en Haïti. 

 

Dominique Domerçant 

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