Le dimanche 14 décembre 2025 marque les 100 premiers jours de Madame Angeline Bell à la tête de la mairie du Cap-Haïtien. Nommée à la tête de la commission municipale en septembre dernier, Madame Bell s’était engagée à impulser un nouveau souffle à la deuxième ville du pays, plongée dans une crise multisectorielle depuis plusieurs décennies.
Dès son entrée en fonction, la nouvelle mairesse a dû faire face à une série de défis majeurs : explosion démographique due à l’arrivée massive de déplacés internes, insalubrité grandissante et embouteillages monstres.
Si certaines mesures ont été saluées, notamment l’initiative dénommée Samedi Citoyen, consistant en des efforts de nettoyage dans quelques quartiers, et le dialogue amorcé avec certains secteurs de la société civile, beaucoup reste à faire.
La population capoise attendait beaucoup de cette nouvelle équipe. Pourtant, sur le terrain, nombreux sont ceux qui estiment que ces 100 jours n’ont pas apporté de changement palpable dans leur quotidien. Des marchés publics restent dans un état chaotique, le problème de la collecte des ordures demeure, et la mairie peine encore à affirmer son autorité face à certains réseaux de pouvoir informels.
Madame Bell, qui affirme vouloir « redonner une image digne au Cap-Haïtien », se dit consciente des attentes. Elle appelle à la patience, évoquant une situation financière précaire, un manque de moyens logistiques et humains, et une instabilité politique générale qui freine les prises d’initiatives au niveau de l’État central.
À mi-chemin entre volontarisme et réalité du terrain, cette période de 100 jours révèle surtout l’urgence d’un plan stratégique municipal, capable de mobiliser les forces vives de la ville autour d’actions concrètes, durables et inclusives.
La fin de l’année 2025 est décisive pour Madame Bell et son équipe. La population attend des gestes forts, des actions visibles et une mairie plus proche des citoyens. Sans résultats tangibles, le doute pourrait rapidement remplacer l’espoir suscité à son arrivée.
Depuis plusieurs années, Cap-Haïtien vit dans un black-out total, aggravé par une insalubrité chronique qui envahit les rues, les marchés et les quartiers populaires.
L’absence de courant électrique, combinée à l’accumulation d’ordures, fait de la ville un espace hostile, où les conditions de vie se dégradent de jour en jour. Dans plusieurs zones, les résidents dénoncent l’obscurité et l’inaction municipale.
Lors de sa visite remarquée en août dernier, le conseiller présidentiel Gérald Gilles avait promis de s’attaquer aux problèmes structurels de la ville, annonçant des partenariats pour améliorer l’éclairage public et la gestion des déchets. Quatre mois plus tard, aucune mesure concrète n’a été appliquée.
Des citoyens frustrés parlent de « promesses creuses » et d’un passage « purement politique », sans impact réel sur la vie des habitants. Pendant ce temps, la population continue de subir, impuissante, l’effondrement progressif d’une ville autrefois fière de son patrimoine.
Pas de lumière. Pas de propreté. Et surtout, aucune réponse sérieuse aux cris d’alarme des habitants. Le désengagement des autorités locales et nationales ne fait qu’aggraver un climat de méfiance et de colère. Pour beaucoup, une seule question demeure : Madame Bell pourra-t-elle transformer les promesses en résultats durables pour une ville en quête de renaissance ?
Hervé Delima
