Plusieurs dizaines de PVVIH ont tenu, ce lundi 19 mai 2025, un sit-in devant la Primature à Musseau, pour expliquer la menace qui plane sur leur tête après l’arrêt brutal des financements américains dans la lutte contre le VIH/Sida en Haïti. Une initiative prise par Housing Works, qui travaille pour le respect des droits fondamentaux des populations clés, en particulier ceux des PVVIH.
Le départ des financements américains pour la lutte contre le VIH/Sida, suite à la suspension de l’USAID, a des conséquences dramatiques pour les millions de personnes vivant avec le virus dans le monde, et particulièrement en Haïti.
L'absence des donateurs et du financement est un revers majeur, nous expliquent des PVVIH, qui ont décidé d’envoyer un message clair aux autorités, spécialement à celles du ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP), leur demandant de prendre leurs responsabilités.
Un revers dévastateur pour les malades du VIH
Le Plan d'urgence du président George W. Bush pour la lutte contre le sida (PEPFAR) représente un soutien crucial pour des millions de personnes vivant avec le VIH. Depuis sa création en 2003, il a permis de sauver plus de 26 millions de vies. Le gel des financements a entraîné la fermeture d'ONG financées par l’USAID et la suspension des services essentiels, tels que les traitements antirétroviraux, pourtant vitaux pour la survie des malades. Le 28 janvier, des dérogations ont été émises, mais elles sont loin de combler le vide laissé par l'arrêt du programme, lequel a permis de sauver des vies en offrant des traitements et des services médicaux aux populations vulnérables.
Cette aide a été suspendue par l’administration de Donald Trump dans le cadre de son gel de 90 jours des financements étrangers. C’est dans cette perspective d’urgence à l’action que cette catégorie de personnes a décidé d’organiser cette mobilisation.
Un PVVIH visiblement inquiet témoigne des difficultés croissantes auxquelles sont confrontées les personnes vivant avec le VIH :
« L’absence de médicaments antirétroviraux a des conséquences directes sur nous. C’est ce médicament qui nous empêche de passer au stade du Sida, et d’être indétectables, mais voilà que nous ne les prenons plus, nous n’avons personne vers qui nous tourner. Tous les progrès sont en train d’être annulés », a-t-il ajouté, l’air désolé. « Nous revenons à l’époque où la séropositivité était synonyme de mort. Nous avons besoin d’aide », a-t-il martelé.
Plus loin, une séropositive évoque le phénomène des déplacés internes, parmi lesquels des PVVIH qui habitent les camps et qui ont une vie sexuelle active, craignant du coup une hausse des cas séropositifs dans le pays.
Le PEPFAR a joué un rôle crucial dans les pays africains mais aussi en Haïti, finançant des milliers d’ONG et soutenant directement des systèmes de santé publics, en payant les salaires de dizaines de milliers de travailleurs de la santé spécialisés dans la lutte contre le VIH. La réduction drastique de ce financement menace aujourd’hui des décennies de progrès dans la lutte contre l’épidémie.
Gérard H. Résil
