Haïti-violences des groupes armés

Quid du nombre exact des déplacés internes ?

L'escalade de la violence des gangs armés dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince et ses périphéries a provoqué le déplacement massif des riverains. Des chiffres susceptibles de donner le tournis.  Alors que l’UNICEF dit avoir recensé plus de 200 000 personnes, le Sant Karl Lévêque, de son côté dit avoir dénombré plus d'un million tandis que le Réseau national de défense des droits humains parle de plusieurs milliers de déplacés. 

Depuis 2018, les populations des quartiers populeux de la région métropolitaine de Port-au-Prince ne cessent de subir les assauts répétés des gangs armés. Guerres inter-gangs, attaques contre la population civile, massacres et incendies ont provoqué le déplacement d'un grand nombre de personnes. Selon la responsable de programme du Réseau national de défense des droits humains ( RNDDH), Marie Rosy Auguste Ducéna, le dernier bilan des victimes du drame survenu au niveau de Carrefour-feuilles depuis le début du mois d’août 2023,  s’élève à plus d’une centaine de personnes assassinées, plus d’une dizaine blessées par balles, plusieurs dizaines de maisons incendiées et des milliers de personnes déplacées. «  Ces déplacés internes sont exposés à toutes sortes de dangers. En dépit qu'ils ont pris refuge dans plus de vingt sites qui ne sont pas appropriés pour cela, ils sont toujours sous les menaces des gangs armés », déplore la défenseuse des droits humains qui critique les autorités concernées qui sont restées passives aux appels  de ces déplacés qui sont pour la plupart des femmes, des enfants et des personnes âgées. 

Depuis 2018 nous faisons face à de pareils cas en Haïti. Au niveau du RNDDH, nous estimons que l'État haïtien devrait penser à mettre en place un processus de suivi pour les déplacés afin de pallier ce problème, a renchéri Marie Rosy Auguste Ducéna. Le ministère de l'Intérieur et des collectivités territoriales à travers son programme de protection civile, le ministère de la Santé publique, le ministère des Affaires sociales et du Travail et le ministère à la Condition féminine et aux droits des femmes devraient établir un plan d’accompagnement afin de recenser les déplacés internes et d'autres facettes primordiales, cela sera bénéfique pour ces gens qui cherchent refuge, précise-t-elle. 

Malheureusement, dit-elle, ce sont les victimes qui font de leur mieux pour  gérer leur santé physique et mentale, ce sont elles qui se débrouillent également pour  prendre soin d'elles-mêmes et de leurs progénitures. Elles font tout pour trouver de l'argent pour se rendre dans leurs villes de province d'origine pour échapper à la mort dans la région métropolitaine de Port-au-Prince et ses périphéries qui sont sous l'emprise des gangs armés de tout poil. L'État haïtien, semble-t-il, n'est pas au courant de ces détails extrêmement importants, a poursuivi la militante des droits humains interrogée par Le National, ce mardi 12 septembre 2023. « Ce n'est pas une surprise pour nous au sein du Réseau national de défense des droits humains puisque l’État a l’habitude de fermer les yeux sur divers massacres perpétrés sur la population haïtienne. Nous n'avons jamais fait face à des dirigeants aussi cyniques que ceux qui nous dirigent actuellement », a martelé Me Rosy Auguste Ducéna.

Aussi, la violence armée dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince a entraîné le déplacement forcé de plus de 200 000 personnes, principalement des femmes et des enfants, a fait savoir l’UNICEF. De nombreuses écoles sont actuellement utilisées comme abris par des personnes déplacées, entravant ainsi l'accès à l'éducation de milliers d'enfants, a souligné l’UNICEF. 

Toujours en qui concerne la recrudescence de la violence qui a contraint bon nombre de personnes à abandonner leurs demeures, le coordonnateur général du Sant Karl Levêque, Jean Gardy Maisonneuve, a abondé dans le même sens que la responsable de programme du RNDDH. Pour le prêtre Maisonneuve, ces déplacés internes sont liés à l'irresponsabilité de l'État qui ne peut rien gérer. « L'État fait peu de cas de ces personnes. L’État n'a rien à voir à la population. Que disent les autorités concernées alors que les bandits ont contraint plus d'un million de personnes à fuir leurs maisons ? Que disent les autorités pendant que des familles sont disloquées à cause des agissements des groupes armés dans le pays ? C'est comme si l'État est là pour exécuter un plan », a lancé le prêtre Jean Gardy Maisonneuve. 

 

Vladimir Predvil

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