La zone métropolitaine de Port-au-Prince, au cœur d’une insécurité alimentaire aigüe et urgente

Suivant l’analyse IPC (Indice à la consommation des prix), publiée ce 23 mars, au total 4,9 millions d’Haïtiens, soit 49 % de la population sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë élevée, (IPC 3 ou +). Entre autres, les ménages de la zone métropolitaine ont enregistré une complète dégradation de leur situation durant ces quatre dernières années. Plus d’un million de personnes sont en phase 3 de l’IPC (crise), en 2023, alors qu’en 2019, ils étaient d’environ 856 000. Il s’agit d’une augmentation de plus de 30 %.

« Le contexte sécuritaire de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, perturbé par des cas de kidnapping, braquages et pillages, reste préoccupant et nuit significativement à la reprise des activités économiques et au déplacement des personnes et des biens dans la capitale. Les ménages les plus vulnérables et sans-emplois stables manquent d’opportunités de travail pour subvenir à leurs moyens d’existence et à leur alimentation », a révélé le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire, dans son analyse IPC de l’insécurité alimentaire aiguë en mars-juin 2023. Notamment, les zones les plus affectées sont les quartiers pauvres de Port-au-Prince, de Croix-des-Bouquets et de Cité Soleil; le Nord-Est; la Gonâve; la Grand’Anse rurale; la zone côtière du département du Sud (Sud-HT081); la zone de plateau du département du Nord2 (Nord HT03); le Haut Plateau central; l’Artibonite HT03 (Zone de plateau) 3; les Nippes HT014; Nord-Ouest HT 01 et HT 02 Sud-Est HT 07. Certaines de ces zones sont  classées en phase 4 de l’IPC, ce qui traduit qu’elles ont subi de fortes détériorations de la situation de sécurité alimentaire pendant ces quatre dernières années. 

Selon le HCDH, (Haut commissariat des Nations unies aux droits de l’homme), cette aggravation de l’insécurité alimentaire provient de récurrentes pénuries de carburant et la forte hausse de leur prix sur le marché parallèle. De fait, elles contribuent à contraindre le déplacement des personnes et des biens. Néanmoins, le prix du carburant sur le marché noir a explosé à plus de 1500 gourdes le gallon, soit 160 % de plus que le prix fixé par les autorités. Principalement, toujours selon l’agence onusienne, les records de la violence des gangs au niveau de l’aire métropolitaine ont davantage empiré les conditions socio-économiques des personnes à travers tout le pays (2084 meurtres, 1552 blessés des suites des violences des gangs armés, et 1114 cas de kidnappings, un bilan sans précédent pour l’année 2022). Mis à part ces événements, la résurgence de l’épidémie du choléra en octobre 2022, dans la commune de Cité Soleil, a fragilisé la sécurité alimentaire dans la région métropolitaine et ses quartiers défavorisés. En outre, l’institution a également ajouté l’échec de la campagne agricole de printemps de l’année écoulée ainsi qu’un faible maintien d’assistance alimentaire aux personnes touchées. 

À l’heure actuelle, un peu plus de 1118 personnes sont en phase 3 de l’IPC. Elle a augmenté de plus de 30 % durant ces quatre dernières années. Les populations en phase 4 de l’IPC ont augmenté de plus de 110 %, passant de 227660 à 480262 personnes en 2023. En effet, ces dernières analyses à propos de l’insécurité alimentaire démontrent que l’insécurité alimentaire devrait continuer à se dégrader, si la situation socio-économique et sécuritaire reste inchangée. Ainsi, pour les zones classées en phase 3 de l’IPC (crise) que pour celles en phase 4 de l’IPC (urgence), une action urgente demeure incontournable pour assister les ménages les plus pauvres et les plus affectés en vue de subvenir au besoin de sauver leurs vies, réduire leurs déficits de consommation alimentaire et d’éviter un  effondrement total de leurs moyens d’existence.

Il s’agit aussi de prendre en compte la campagne agricole printemps et été 2023, afin de faciliter l’accès aux intrants agricoles aux paysans, en vue de promouvoir davantage le développement de la production nationale et recadrer l’urgence alimentaire dans un cadre beaucoup plus durable pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages, a indiqué le Cadre intégré de classification de l’Insécurité alimentaire. 

 

Oberde Charles 

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