Une intervention militaire est inévitable, selon le professeur Georges Michel

La dégradation sécuritaire du pays est la conséquence de la mauvaise gouvernance des dirigeants politiques haïtiens, mais aussi de l’échec des différentes missions onusiennes et américaines en Haïti, a déclaré l’historien Georges Michel. Par ailleurs, il croit qu’à l’heure actuelle, la demande du Premier ministre Ariel Henry en vue de combattre les gangs et rétablir l’ordre sur le territoire est juste et inévitable.

La crise haïtienne est d’ordre militaire 

«La démobilisation de l’armée est l’une des pires décisions, à l’origine de la crise sécuritaire du pays. La Police nationale haïtienne, dans sa mission, mais aussi dans sa formation, n’est pas efficace pour combattre les gangs», a confié l’historien. Les groupes armés opèrent comme s’ils étaient en guerre. Nous avons besoin de beaucoup plus qu’une force de service et de protection pour affronter ces malfrats, a-t-il ajouté. 

 

Plus loin, Georges Michel assure que dans le passé, la présence d’une force militaire nationale bien équipée a empêché la progression des groupes d’hommes armés. Par contre, l’élimination d’un tel corps sans une politique de sécurité nationale a encouragé la violence et traduit aujourd’hui la prise en otage de l’entrée sud de la capitale haïtienne depuis plus d’une année et divisé des coins du terroir en des zones de non-droit alors que les forces de l’ordre sont incapables, à tous les niveaux, de contrecarrer ces bandes. « La remobilisation de l’armée par le feu Jovenel Moïse n’a pas répondu aux exigences de l’heure. Ce corps a perdu sa force de dissuasion, mais aussi sa force de stabilisation et de protection», a fait savoir l’historien. 

 

Une intervention militaire est inévitable 

La nation haïtienne devrait avoir une armée qui s’occuperait des menaces internes et externes du pays. De par sa fonction de dissuasion, la présence de l’armée devrait limiter des actions malveillantes de la part de la population. « Comment, des hommes armés pourraient-ils bloquer la distribution des produits pétroliers sur un territoire et nuire considérablement au bon fonctionnement des activités du pays», s’interroge-t-il ? En ce sens, l’historien Georges Michel laisse croire qu’il n’est pas possible que les autorités du pays laissent libre cours aux gangs qui opèrent tels qu’ils veulent dans tous les coins du territoire. Avec un tel niveau de fragilisation de la situation, M. Michel pense que  la présence d’une troupe étrangère dans le pays est inévitable. Entre autres, cette force doit combattre les gangs et faciliter la circulation des biens et des services dans le pays.

 

Un problème politique

Par ailleurs, les dirigeants haïtiens ont toujours de mauvaises pratiques politiques. Un comportement dont l’historien Georges Michel juge d’irresponsable et semblable à celui des pirates français, du temps colonial, qui ne voient que leurs propres intérêts, qui ne veulent  pas poser les vrais problèmes du pays entre eux et qui négligent totalement tout consensus pouvant faciliter une sortie de crise.  «Ils ne veulent pas s’entendre. Ils ont laissé passer toutes les opportunités qui devraient leur permettre d’instaurer un climat de paix dans le pays», dit-il.

 

Selon l’historien Georges Michel, les missions onusiennes et interventions militaires américaines n’ont jamais apporté des résultats à long terme pour le pays. Après les déploiements des Américains dans le pays en 1915,1994, les vraies solutions pour le règne de la stabilité n’ont jamais été posées et après ces interventions, les Haïtiens ont toujours été dans des impasses, ne parvenant pas à s’en sortir. Suite au départ des troupes onusiennes de la MINUSTAH dans le pays, les mêmes problèmes politiques ont refait surface. 

 

Néanmoins, la crise actuelle du pays était bien prévisible, assure M. Michel. Les acteurs économiques, l’élite politique et les acteurs de la société civile n’ont pas pris les mesures nécessaires pour éviter cette crise multidimensionnelle. «On ne pourrait pas s’attendre à quelque chose de mieux», soutient-il. Ainsi, tout son souhait est de voir régner le calme et espère le renforcement de toutes les forces vives de la  nation pour la bonne marche des institutions du pays.


Oberde Charles

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