Haïti-Education

Des enseignants et établissements scolaires en difficulté

Les activités scolaires se reprennent progressivement à Port-au-Prince et les quartiers peu affectés par la violence des gangs après plus d'un mois de suspension. Des écoliers ont fui la région métropolitaine pour aller s'installer dans des villes de province. Dans ce contexte de reprise des cours, certains établissements ont vu leur effectif considérablement baissé, les parents profondément touchés par la grave crise économique n'ont pas manqué d'exprimer leur ras-de -bol. Cette situation préoccupe les responsables des institutions scolaires et inquiète plus d'un vers une crise financière qui pourrait nuire au bon fonctionnement des écoles dans les prochains mois.

Des enseignants travaillant dans des écoles privées de la capitale ont plusieurs mois depuis qu'ils sont dépourvus de salaire. En raison de l'insécurité, certains établissements scolaires pour la plupart des centres qui reçoivent des écoliers en majeure partie, venus des quartiers défavorisés de la capitale, se trouvent incapables de payer les enseignants.

Richemond Joseph, responsable d'une école de cette catégorie, qui se trouve à Delmas explique la situation: « Nous sommes à deux semaines de la reprise des cours. La première semaine, nous avons reçu environ 20% de la totalité de nos étudiants. Pour cette nouvelle semaine, on est proche des 70%. En ce qui a trait au fonctionnement de l'établissement, c'est un casse-tête. Contrairement aux grandes écoles du pays qui imposent aux parents des modalités de paiement assez sévères, la nôtre n'est pas trop exigeante parce qu'on a une clientèle assez différente. Ces parents qui font partie de la masse, des personnes les plus vulnérables de la société, n'ont pas les moyens pour payer convenablement les frais de scolarité de leurs enfants», ajoute-t-il.

Par conséquent, cet établissement scolaire qui dessert depuis plusieurs décennies des élèves et parents de la commune de Pétion-Ville et Delmas se trouve incapable de payer ses enseignants depuis février dernier. « Pour relancer les activités et pour mobiliser les professeurs, on a fait un prêt qui nous a permis d'accorder au corps professoral, le mois de février qu'on n’ a pas eu les moyens de payer à temps. Pour l'instant, il y a comme dette, les mois de mars et avril, que nous devons payer au plus vite possible aux professeurs.»

Chedly Jean, qui en enseigne dans un lycée et une institution éducative privée de la capitale, souligne que la dégradation du climat sécuritaire a d'énormes impacts sur le quotidien des professeurs, ainsi que les apprenants qui subissent à plusieurs niveaux les conséquences de l'insécurité. «Les enseignants travaillent dans des conditions assez difficiles. Il y a les balles perdues qu'ils risquent d'affronter même en pleine salle de classe, avec leurs faibles salaires, ils ne sont pas en mesure de faire face à la montée du taux de l'inflation», poursuit-il.

Face à ce tableau sombre, Chedly croit qu'il faut accorder aux professeurs de meilleurs traitements dans leur travail. Parallèlement, il indique qu'il faut accorder aux professeurs des écoles publiques, des avantages sociaux pouvant les aider à surmonter la hausse du coût de la vie.

Pour sa part, Richemond plaide pour que le gouvernement puisse accorder un taux de financement à certaines écoles privées touchées par la crise, tout en appelant à un retour à l'ordre des choses pour le fonctionnement normal des écoles et le respect du calendrier académique pour les écoliers. Il exige entre autres, la présence des membres de la police éducative dans certains quartiers pour la garantie des activités scolaires, durant cette période de crise.

 

Oberde Charles

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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