Guerre des gangs : les victimes réclament l’accompagnement de l’État

Le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH), dans son dernier rapport en date du 27 juin 2022, dit recenser 191 cas d’assassinats, soit 107 hommes, 76 femmes, 6 filles et 2 garçons lors des affrontements des groupes armés, plus précisément les 400 Mawozo et les Chen Mechan durant le mois de mai 2022. Parallèlement, dans son rapport, le RNDDH a révélé que 18 femmes ont été violées, 158 enfants sont devenus orphelins et 81 maisons et 57 véhicules ont été incendiés tout au long de cet affrontement. Les survivants exigent un accomgnement de l’État suivant le Réseau national de défense des droits humains.

Les attaques armées ont réellement commencé le 24 avril 2022, peu avant 5 heures du matin. Selon le RNDDH, deux mois après ce carnage de la Plaine du Cul-de-sac, la situation générale de la zone reste encore très précaire. « Les victimes vivent dans la peur constante d’autres attaques du gang armé des 400 Mawozo alors qu’elles continuent de subir des raids sporadiques menés par la base des Chen Mechan qui continue de rechercher, au sein de la population, des personnes qui pourraient avoir des liens avec le gang des 400 Mawozo », lit-on dans le rapport.

Parmi les victimes du carnage, trente-huit au moins dont quatorze femmes et filles, ont péri chez elles dans le feu mis à leur maison, par les bandits armés de 400 Mawozo et de Chen Mechan. Des familles entières sont disséminées. Des personnes âgées entre soixante-douze et quatre-vingt-six ans ont été carbonisées à l’intérieur de leur maison. Si certaines d’entre elles avaient choisi de ne pas se déplacer, d’autres n’auraient pu fuir sans l’aide de quelqu’un, étant immobilisées par des maladies.

Outre les nombreuses pertes en vies humaines, et les nombreux dégâts matériels enregistrés, ce massacre d’une ampleur inouïe laisse une population meurtrie : des enfants ont dû faire le choix d’abandonner leurs parents en âge avancé, des conjoints ont abandonné leurs compagnes, et vice-versa. « Plusieurs femmes ont été violées à répétition, dont au moins une, en présence de son conjoint. Des pères et des mères de famille ont été assassinés en présence de leurs enfants, en bas âge, pour la plupart. De même, des enfants ont été assassinés sous le regard impuissant de leurs parents et de nombreuses familles ont vu partir en fumée le travail de toute une vie », ont expliqué les membres du Réseau national de défense des droits humains. Pour les membres du RNDDH, ces victimes  ne pourront jamais s’en sortir sans un accompagnement médical et psychologique, tenant compte de leurs besoins spécifiques.

Aussi, à cause des affrontements entre les groupes armés, d’autres victimes de viols collectifs ont aussi été recensées. Le lundi 2 mai 2022, les bandits ont envahi la zone de Shada, tuant les hommes sur leur passage. J.P. était chez elle avec son conjoint et sa fille de onze (11) mois. Ayant cru que seuls les hommes étaient exécutés, elle a proposé à son conjoint de se cacher sous des vêtements, en dessous du lit. Lorsque les bandits armés sont arrivés chez elle, ils l’ont violée à plusieurs reprises. Le mari qui était caché sous le lit, a vécu ce viol collectif alors que la fillette, pour sa part, n’arrêtait pas de pleurer.

Jusqu’à présent, la situation reste et demeure tendue à la Plaine du Cul-de-sac. Les personnes déplacées qui s’étaient réfugiées sur la place publique de Clercine sont pressurées par les autorités locales pour laisser la place. Elles ne savent où aller ayant, pour la plupart, perdu tout ce qu’elles possédaient. La base des Chen Mechan continue d’exécuter des jeunes, sous prétexte qu’ils servent d’antenne au gang armé des 400 Mawozo.

En ce qui concerne les autorités policières, le RNDDH estime qu’il est clair aussi que, dans le cadre du carnage de la Plaine du Cul-de-sac, l’institution policière a opté pour une posture non-interventionniste, en dépit des nombreux appels en détresse qui ont été lancés par la population aux abois. « Attendre cinq jours avant d’intervenir sur le terrain, c’est tout simplement choisir délibérément de livrer la population à la fureur des gangs », a déploré le Réseau national de défense des droits humains.

« Jusqu’à date, les autorités étatiques restent muettes sur les événements de la Plaine du Cul-de-sac, un mutisme qui clame fort leurs accointances avec les bandits armés. »,

Deux mois après le carnage de la Plaine du Cul-de-sac, les autorités judiciaires pour leur part, pataugent dans des poursuites qui ne sont pas encore ou ne seront jamais, plus vraisemblablement engagées a tenu à souligner les responsables du RNDDH, qui ont parallèlement dénoncé que la chasse aux sorcières continue avec les membres de la base des Chen Mechan qui, sous prétexte que des membres de la population fournissent des informations au gang des 400 Mawozo, assassinent des jeunes.

Tou compte fait, le Réseau national de défense des droits humains conseille aux autorités étatiques de fournir un accompagnement financier, médical et psychologique aux survivants-tes du carnage de la Plaine du Cul-de-sac. De porter la DCPJ à enquêter sur les actes attentatoires aux vies et aux biens perpétrés à la Plaine du Cul-de-sac du 24 avril au 6 mai 2022, en vue de transmettre aux autorités judiciaires un rapport circonstancié, pour la mise en mouvement de l’action publique à l’encontre de tous ceux qui y sont impliqués. Ensuite, d’exiger que la DCPJ enquête sur les relations de proximité existantes entre certains journalistes, des personnalités publiques et des bandits armés. Porter l’IGPNH à enquêter sur l’implication de matériels et équipements policiers notamment de l’UDMO dans la perpétration du carnage de la Plaine du Cul-de-sac et en dernier lieu de mettre fin aux distributions des armes et munitions aux bandits armés, mais également de remettre en place les brigades anti-contrebande en vue de freiner l’entrée sur le territoire national, des armes et munitions illégales.

Vladimir Predvil

Credit Photo: AyiboPost

 

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