« Ti Magali » : une légende urbaine?

Depuis bientôt une quinzaine de jours, la Police nationale a mis en place un véritable plan de sécurité dans la zone métropolitaine. Une situation remarquée par tous les observateurs et applaudie par l’ensemble des citadins. On parle moins depuis quelque temps de kidnappings que des « bons coups » réussis par une Police de plus en plus active.

 

 Sur les réseaux sociaux, ici et ailleurs en diaspora, les gens saluent cette nouvelle vigueur observée dans la répression du crime organisé.

Chaque jour, des opérations sont menées et des résultats obtenus. Depuis la série de saisie d’armes et de munitions dans nos ports principaux, on note une nouvelle dynamique sécuritaire dans ce pays gangrené par la violence. Les unités spécialisées sont partout présentes dans nos quartiers et spécialement dans ceux particulièrement à risques comme Turgeau, Débussy, Canapé-Vert.

 

Suite aux terribles affrontements entre groupes armés du G9 et celui du Gpep, le Poste Marchard et l’Avenue John Brown sont l’objet d’une attention spéciale des forces de l’ordre. Un riverain du bas de Lalue affirme au National : « On ne peut plus dire que la Police est absente, on a l’impression que le travail se fait, et que le slogan Protéger et servir peut devenir enfin une réalité ».

 

La zone de La Plaine du Cul-de-Sac, jusqu’à la frontière, est aussi mise sous haute surveillance par la Police. Une offensive sans précédent est déclenchée contre le puissant gang des « 400 mawozo ». Des résultats sont obtenus avec la capture ou l’élimination de responsables de haut rang de ce groupe armé. Un gang qui fait régner son joug criminel sur tout le poumon économique du nord de la capitale, jusqu’à la frontière avec la République dominicaine.

 

Des milliers de commerçants de cette zone rouge ont fait faillite, à l’instar des oubliés de Martissant. Des familles ont été obligées d’abandonner leurs maisons construites sur de longues années d’épargnes forcées ; des gens de la diaspora qui avaient acheté des terres ou construit de jolies résidences de retraite ont vu se ruiner leurs rêves de retour au pays natal. Récemment un jeune chirurgien fuyant l’insécurité au pays a été assassiné aux États-Unis. On ne compte plus les victimes de ce mal absolu.

 

Les forces de sécurité ont donc décidé d’affronter sur le long terme ce mal qui paralyse la Route nationale numéro un, et toute une partie de la zone frontalière. Au cœur des affrontements se distingue un des blindés de la PNH, surnommé dans la population « Ti Magali ». C’est une machine redoutable et redoutée par les bandes armées, mais célébrée dans la population.

 

Les Ukrainiens n’ont-ils pas consacré un hymne officiel au drone Bayraktar, qui stoppa pendant de longues semaines le « blitz » des chars russes. Les Haïtiens ont élevé « TI Magali », ce véhicule blindé qui poursuit les bandits dans leurs derniers retranchements, au rang d’un « icône populaire ». Et quand on interroge le citoyen lambda sur le pourquoi d’un nom féminin, on glisse vite sur des explications passablement « sexistes » : « li pa janm bese poul pa ranmasse anyen, ou li pa  pè  fè zen ak bandi ».

 

Quoi qu’il en soit, « elle » fait le bonheur de gens d’ici et d’ailleurs même si sa réputation fait trembler dans les venelles de certains quartiers de la ville. Certains parlent de la nécessité d’un marathon pour équiper la Police qui fait preuve depuis quelque temps de vaillance. Devenue une légende « Ti Magali » demeure un grand mystère. Des hommes « amoureux transits » veulent « l’épouser » dans leurs fantasmes reconnaissants. Ils affirment que bien défigurer par l’impact des balles, elle reste d’une beauté indépassable.

 

Ceux qui sont à bord de ce véhicule sont les nouveaux « héros » d’une drôle de guerre que des politiciens et brasseurs d’affaires ont longtemps nourrie pour nous faire basculer dans la violence indifférenciée.

Roody Edmé

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