Un commentateur très connu sur les réseaux sociaux a fait remarquer avec lucidité comment tous les hommes politiques qui se sont succédé tristement au pouvoir ont fait tout leur possible pour y rester le plus longtemps possible. Certains rêvaient de garder le pouvoir à vie. D’autres, plus modestes, clamaient en se bombant les torses qu’ils garderaient le pouvoir pour cinquante ans. Des pitreries qui ne faisaient que dévoiler le misérabilisme mental de ces dirigeants, car aucun d’entre eux n’avait pensé même une fraction de seconde à rattraper au moins la République dominicaine ou Cuba.
Car ce serait la première chose à laquelle devrait penser un dirigeant haïtien au regard de notre position peu enviable dans l’espace caribéen. Comment nous remettre dans un laps de temps assez court dans le giron des autres pays de la zone ! Mais c’est le cadet des soucis de nos politiciens. La raison serait-elle parce que ces derniers ne pensent qu’à s’enrichir au détriment de la nation ?
On peut être corrompu – il y a de plus corrompus en République dominicaine- mais vouloir vivre dans un pays sain et propre où il n’y aurait aucune honte à recevoir un ami étranger. Voici où se trouve la raison. Nos politiciens n’éprouvent aucune honte à vivre dans cet espace dégradé, au milieu d’un peuple souffrant qui ne pense plus qu’à fuir cette terre. Ils se sentent bien dans la boue, dans l’ignorance, dans la crasse. La tonèl est leur univers et, avec leurs valets intellectuels, ils ne se gêneront pas pour parler de culture dès qu’il s’agit de défendre ce kokoratism dans lequel notre pays se noie.
Ces politiciens ont beau voyager à l’étranger, la modernité glisse sur eux comme l’eau sur les plumes d’un canard. Leurs avocats prétendront que cette modernité n’est pas pour nous, mais pour le Blanc. C’est comme un Italien en Haïti qui osait dire devant un parterre d’Haïtiens qu’il n’aimait plus se rendre dans son pays, car il prenait tout le temps des contraventions alors que, chez nous, il pouvait se garer comme bon lui semble n’importe où. Vive le chaos ! Vive l’ignorance ! Vive la boue ! M anvi wè mouch ! C’est cette culture que valident nos politiciens. Pour un ti sourit ou un kawash un ministère ou une institution déboursera des dizaines de milliers de gourdes, mais il n’y aura pas un centime pour une bibliothèque ou une saine activité culturelle.
Ce qu’il nous faut, ce sont des hommes et des femmes qui rejettent le kokoratism de ceux qui sont sur la scène politique. Des hommes et des femmes qui font une bonne évaluation de notre situation dans tous les domaines et qui se mettent à travailler avec le peuple haïtien pour que nous puissions trouver la place qui devrait être la nôtre dans la Caraïbe. Nous ne voulons pas de celles ou de ceux qui, pour justifier leurs infâmes ripailles, osent confondre culture et kokoratism, culture et ignorance, culture et boue.
Gary Victor