Les hommes en dessous

Notre communauté devrait se souvenir de cette policière, Marie-Christine Jeune à qui un Président de la République avait demandé de tendre la main à un bandit. Elle avait dit non et trois jours plus tard elle avait été retrouvée, assassinée, dans un ravin après avoir été violée.

On a tenté de salir la mémoire de cette policière sans comprendre que cet épisode  de notre vie nationale montrait déjà comment nous étions engagés à une vitesse accélérée sur le chemin de la déliquescence. L’Armée avait été mise à pied non pas parce que ses chefs d’alors n’avaient pas été à la hauteur, mais parce que les dirigeants « démocratiques » de retour au pays voulaient paver le chemin pour cette entreprise toujours prisée par les pouvoirs en Haïti : s’accrocher à la direction de l’État dans l’unique but de jouir des privilèges du pouvoir.

Le pouvoir pour le pouvoir ! Dans une tradition de non-gouvernance alors que des mesures de plus en plus urgentes devenaient nécessaires pour redresser l’économie, s’attaquer aux problèmes de l’environnement, de l’éducation de la santé. Dans les petites guerres de nullard dont les seuls objectifs sont de garder le pouvoir pour s’enrichir, on s’est mis à pourrir la seule institution qui devait en l’absence de l’armée garantir un minimum de sécurité sur le territoire national. On  a infiltré dans la Police nationale des éléments indésirables. Les recrutements étaient bâclés justement pour garantir la médiocrité des rangs. Les liens entre les gangs et la PNH se sont bien vite affichés au grand jour si bien que depuis le départ de la MINUSTHA il est difficile qu’une opération policière porte ses résultats.

Carrefour-Feuille demeurera un cas d’école, car ce qui s’est passé au sud de Port-au-Prince ne peut être compris que comme une trahison ou la manifestation d’une totale incompétence. Depuis des mois, il était prévisible que les gangs s’activaient pour une attaque. Ces bandes armées ont réalisé leur plan en fait sans être inquiétées par une Police dont le Haut Commandement se félicitait d’avoir tué huit bandits et avoir récupéré quelques armes lors d’une étrange conférence de presse.

Encore une fois, la population paie le prix de la corruption généralisée au sein de l’appareil d’État et aussi de l’incompétence totale de ceux qui sont censés nous diriger. Le pire c’est que ces mêmes personnes se constituent en valets, en domestiques d’un secteur étranger raciste et dont les plans pour notre pays ne peuvent être que macabres.

Quand l’Afrique veut se réveiller, veut faire entendre sa voix sur la scène internationale, voilà que nous, Première République noire, nous offrons au monde l’image de pitoyables comédiens, lamentables larbins, assassins de leur propre peuple, larbins de toute manière destinés déjà à la poubelle par leurs propres employeurs.

 

Gary Victor

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