Continuons à compter nos morts

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La machine infernale de l’insécurité continue d’endeuiller les familles haïtiennes sous le regard impuissant ou complice de ceux qui sont censés appeler à nous protéger. La capitale haïtienne est devenue un grand cimetière où les morts par balle sont recensés au quotidien. La ville est livrée aux tueurs qui ne sont jamais inquiétés après avoir commis leurs forfaits.

 

Face à cette situation qui devrait susciter le ras-le-bol au sein de la population, il est malheureux de constater que c’est l’indifférence qui devient la marque de fabrique de la société d’aujourd’hui. Toutes ces morts brutales n’ont indigné personne. Chacun pour soi, Dieu pour tous ! On ne se soucie guère du sort d’autrui alors que dans la liste des assassinés on retrouve des membres de toutes les couches sociales.

 

Et la liste est très longue. Depuis le début de l’année, les Nations unies, qui nous aident à compter nos morts, ont dénombré 531 morts, 277 cas de kidnapping et cent soixante mille personnes déplacées. Ce bilan peut ne pas refléter la vraie réalité lorsque l’on sait que les bandits, dans leur vilenie, ont usé de nouvelles tactiques consistant à calciner les cadavres en vue de faire disparaitre les traces et les preuves.

 

Avec tous ces cas d’assassinats recensés au quotidien, la Direction centrale de la Police judiciaire peut bien ne pas disposer assez de ressources humaines et matérielles pour conduire toutes ces enquêtes, surtout si les agents de la police scientifique ne peuvent se déplacer dans certains endroits pour observer les scènes de crimes. C’est peut-être l’une des raisons que les enquêtes policières se poursuivent toujours en Haïti, y compris celles ayant rapport direct à l’institution policière. Beaucoup de policiers sont tombés sans que justice leur soit rendue.

 

Les cas sont nombreux. À Port-au-Prince ainsi que les villes de province, les bandits violent, volent, kidnappent et tuent. La société haïtienne, retranchée dans un mutisme pesant, se laisse faire dans la plus grande indifférence. Au lieu de nous mettre ensemble pour freiner cette machine infernale qui nous endeuille à longueur de journée, nous préférons compter nos morts, en remettant tout à Dieu et en attendant la prochaine victime.

La Rédaction

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