L'économie haïtienne subit des pressions inflationnistes mondiales pour le second trimestre de 2022

Le deuxième trimestre de l'exercice fiscal pour l'année 2022 est surtout marqué par une dégradation du climat des affaires en Haïti. Le conflit entre la Russie et l'Ukraine et les pays occidentaux ont par ailleurs de grands impacts sur l'économie. La crise sécuritaire et politique du pays a cependant affecté la productivité des entreprises et perturbé la croissance agricole, selon une note de la Banque de la République d'Haïti sur la politique monétaire pour le second trimestre de l'exercice fiscal de l'année 2022.

Au niveau mondial, après le relèvement de la crise sanitaire de la Covid-19, l’activité économique mondiale fait face aux premières conséquences de la guerre en Ukraine. « Les difficultés d’approvisionnement et le renchérissement des matières premières dont découlent les nouvelles orientations de la politique monétaire des principales banques centrales du monde ont assombri les perspectives de croissance de la plupart des pays. Aux États-Unis, les prévisions de croissance ont été revues à la baisse à 3,7 % pour 2022 (contre 4 % antérieurement), en dépit d’un repli du taux de chômage à 3,6 % en mars 2022 (contre 3,8 % en février). En Europe, l’indice PMI composite est ressorti à 54,5 en mars 2022 (contre 58 en décembre 

2021), révélant ainsi un ralentissement de l’activité économique. Au Brésil, la croissance a fortement décéléré en 2022 pour atteindre 1,3 %, après 4,8 % un an plus tôt », a fait savoir la Banque de la République d'Haïti. 


 

Ainsi, sur le marché international, les cours des produits de base ont poursuivi leur tendance à la hausse. L’indice FAO des prix des produits alimentaires s’est porté à 159.3 en mars 2022, soit une augmentation de 19,15 % par rapport à décembre 2021. Le cours du pétrole Brent a atteint 115,59 dollars ÉU le baril en mars 2022, soit une progression de 55,6 % par rapport à décembre 2021. Quant au WTI, il est passé de 71,53 dollars en décembre 2021 à 108,49 dollars ÉU le baril en mars 2022, a poursuivi la BRH dans ses données. 

                                   
 

Par conséquent, les problèmes liés à l'économie mondiale ont fortement touché le marché haïtien. Le gouvernement actuel est obligé de passer par la subvention du carburant puisque le contexte socio-économique du pays ne soumet jusqu'à date aucune éventualité pour une quelconque augmentation du prix des produits pétroliers sur le territoire.


 

Mis à part de tout cela, la conjoncture sociale et politique du pays a engendré un ensemble de crises non seulement pour le premier trimestre, mais aussi pour le deuxième trimestre de l'exercice fiscal de cette année. « Les prix élevés des intrants (notamment ceux qui sont importés) et la persistance des problèmes d’approvisionnement des marchésliés à la dégradation des conditions sécuritaires ont grandement affecté la productivité des entreprises locales, notamment la performance du secteur primaire », a soulevé la BRH. Par contre, les différentes pluies qui ont trempé le sol en janvier 2022 pourraient inciter les récoltes, malheureusement les précipitations irrégulières et les déficits hydriques en novembre et décembre 2021 ont affecté négativement les récoltes de cultures d'automne, a-t-elle expliqué. 


 

En effet, avec tous ces facteurs et la révision des prix du carburant à la fin du trimestre précédent et à l’augmentation des salaires en février dernier, Haïti s'est trouvé au centre des pressions inflationnistes dans son économie.


 

 Comme résultat, le taux de l’inflation annuelle est passé de 24,6 % en décembre 2021 à 25,2 % en février 2022. Parallèlement, il y a une augmentation générale du prix de tous les produits. De la base commerciale, pour les cinq premiers mois de l'année, les exportations ont augmenté par rapport à l'année précédente. Elles ont atteint une valeur de 472,24 millions de dollars, soit un accroissement de 18,4% par rapport à l'année 2020-2021. Pour les importations, elles ont atteint une croissance de 7,3 %  et estimées à 1 932 millions de dollars.



 

Durant cette période de l'exercice fiscale, les transferts d'argent vers le territoire haïtien ont diminué. « Elles ont totalisé 832,8 millions de dollars ÉU sur le deuxième trimestre, marquant ainsi un repli de 9,6 % par rapport au trimestre précédent et de 5,1 % par rapport à la mêmepériode de l’an dernier. Cette diminution des transferts privés reflète non seulement un mouvement saisonnier après les fêtes de fin d’année, mais aussi l’accélération de l’inflation jointe à l’arrêt des aides financières dont ontbénéficié certains ménages de la diaspora durant la pandémie de Covid-19 », a expliqué la BRH.


 

Pour les recettes publiques, elles se sont établies à 31 091,6 millions de gourdes et sont en hausse de 18,7 % par rapport au trimestre précédent. Cette augmentation des recettes est liée respectivement aux impôts sur le revenu pour l’acquisition des nouvelles plaques d’immatriculation. Le dollar américain a beaucoup pris le terrain durant ces derniers jours. Le taux d'échange s'est accru à 104,71 gourdes. « Cela traduit ainsi une dépréciation de 4,6 % de la monnaie locale pour le trimestre sous étude. Par ailleurs, malgré l’augmentation des interventions de la BRH pour renforcer l’offre de devises sur le marché des changes, les réserves nettes de change se sont légèrement accrues (+3,2 %) pour se porter à 520 millions de dollars ÉU au 31 mars 2022. Ainsi, les réserves brutes du pays sont maintenues à un niveau dépassant le repère de trois mois d'importation », a ajouté la BRH.


 

Du coup, le secteur bancaire et les coopératives d'Épargne et de Crédit ont vu des chiffres significatifs dans leurs actifs. « Le produit net bancaire a progressé de 11,03 %, s’établissant à 11,8 milliards de gourdes au mois de février 2022 contre 10,7 milliards à la même période de l’année précédente. Du côté des actifs du système, un accroissement de 1,25 % (+6,66 milliards de gourdes) a été enregistré par rapport au premier trimestre de l’exercice en cours, soutenu par la progression des avoirs dans les banques commerciales (+3,49 %) et des autres liquidités (+80,58 %). Au niveau des coopératives, les chiffres disponibles au 31 décembre 2021 pour le secteur des coopératives ont montré une expansionsignificative du crédit. En effet, le portefeuille de prêts des caisses d’épargne et de crédit (CEC) a atteint 10,6 milliards de gourdes (MMG), en hausse de 18,9 % (+1,68 MMG) par rapport au trimestre précédent. La répartition sectorielle du portefeuille a permis de faire ressortir que 41,2 % des prêts ont financé des activités commerciales, 28,3 % le logement et 19,2 % des dépenses de consommation. L’agriculture et les activités de production non 

agricole ont représenté 5,20 % et 5,21 % respectivement ».


 

Par ailleurs, la BRH constate que l'économie haïtienne s’est totalement relâchée durant le second trimestre de l'année. Par contre, les acteurs économiques pourraient profiter de l'agriculture puisque la culture est favorable pour cette saison, mais le manque d'intrants a compliqué davantage la situation des paysans. Ainsi, une attente des transferts de la diaspora, l’intégration dans le budget de projets d’investissements susceptibles de stimuler des initiatives privées pourrait contribuer à la relance de l’activité.  Le maintien des mesures de rationalisation des dépenses publiques est entre autres des alternatives clés qui peuvent favoriser une progression économique du pays durant les prochains jours, a assuré la Banque de la République d'Haïti.

 

Oberde Charles

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