Investir dans l’IA

Durant les deux journées du sommet de l'IA, les 10 et 11 février 2025, cette rencontre internationale sur l'intelligence artificielle qui s'est tenue à Paris, a offert l’occasion de découvrir les dernières avancées en intelligence artificielle, tout en favorisant le rapprochement des nombreux acteurs, parmi les plus importants de l’écosystème numérique et technologique de l’intelligence artificielle. Retour sur les perspectives d’investissement sur l’IA ?

Dans la presse française, on peut lire : «109 milliards d’euros d’investissements (voir dossier de presse ci-joint) ont été annoncés pendant le Sommet». Ce montant est reparti ainsi : “Les Emirats arabes unis vont construire un campus d’un gigawatt dédié à l’IA pour un montant de 50 milliards d’euros ; Brookfield Asset Management va investir dans des centres de données au travers de la société Data4 à hauteur de 20 milliards d’euros d’ici 2030  ; Fluidstack (UK) annonce un partenariat avec le gouvernement français pour déployer le plus grand calculateur au monde pour l’IA avec une capacité atteindra 1 gigawatt ; Iliad porte son investissement à plus de 3 milliards d’euros ; Mistral AI va lancer son premier cluster d’IA en Essonne, doté des dernières générations de puces. https://media.businessfrance.fr/actualites/sommet-de-lia-la-france-terre-dia-231e2-0fea0.html

D'autres titres avec moins de précision : “Beaucoup d’annonces et beaucoup de… flou”. Cet article rapporte : “Sur les 200 milliards d’euros européens, 150 milliards d’euros proviennent de l’"EU AI Champions Initiative", un consortium de 60 entreprises : grands groupes, scaleups tech et fonds d’investissement. Pour l’instant, on ne sait pas si ces investissements seront faits en interne dans les groupes, via l’achat de solutions portées par des jeunes pousses, ou si une partie peut être attribuée à du capital-risque. On ne sait pas non plus si ce sont de nouvelles annonces ou si elles recoupent d’autres projets déjà dévoilés. “Aucun engagement précis ne semble avoir été pris”, précise l’association.”.

Dans la balance : “Les 50 milliards d’euros restants proviennent de la Commission européenne à travers des programmes comme Europe numérique, Horizon Europe et InvestEU. France Digitale souligne que ce n’est pas une nouvelle enveloppe mais un fléchage de montants déjà existants vers de l’IA.”.

Dans sa détermination manifeste  à influencer l’avenir de l’IA dans le monde, en considérant en particulier l'espace francophone,  on retient du : “Côté français, Bpifrance a annoncé déployer 10 milliards d’euros dans l’IA d’ici 4 ans. Si c’est une bonne nouvelle, là encore, on manque de précisions. Les activités de la banque publique d'investissement sont larges: capital risque, dette, infrastructures, equity", rapporte la communication. https://www.maddyness.com/2025/02/19/sommet-de-lia-des-milliards-pour-linfrastructure-mais-combien-pour-les-startups/

Dans le document de synthèse publié par les organisateurs du Sommet de l’IA, plusieurs informations permettent de considérer les prochains chantiers. Vers la fondation de l’intelligence artificielle. “Pour une IA plus accessible partout dans le monde, l’Agence française de développement (AFD) a investi, entre 2021 et 2023, près de 290 millions d’euros dans le secteur du numérique (y compris pour déployer près de 1 500 km de câble de fibre optique et construire plus de 2 000 antennes relais), permettant à 4,4 millions de personnes d’avoir accès ou un meilleur accès à Internet. Active aujourd’hui dans 89 pays dans ce domaine, l’AFD prévoit d’investir 100 millions d’euros par an les prochaines années dans les infrastructures du numérique pour les pays en développement.”, rapportent les autorités françaises.

Démocratisation de l’IA, on peut lire : “Les participants au sommet ont affirmé leur conviction que l’IA devait être mise au service de l’humanité et de l’intérêt général. Cette technologie doit refléter la diversité culturelle et linguistique du monde, et pouvoir être utilisée de manière libre et indépendante par toutes et tous ; Une nouvelle fondation internationale sur l’IA d’intérêt général, «Current AI», a été lancée aujourd’hui, grâce à un investissement initial de 400 millions d’euros provenant d’AI Collaborative, du gouvernement français, et d’autres partenaires gouvernementaux, philanthropiques et industriels de premier plan. Parmi les autres donateurs figurent notamment la Fondation Ford, Google, la Fondation John D. and Catherine T. MacArthur, la Fondation Patrick J. McGovern et Salesforce. La Commission européenne soutiendra en partageant de la puissance de calcul. Current AI est soutenue par un groupe de 11 personnalités reconnues, dont Reid Hoffman (LinkedIn), Clément Delangue (Hugging Face), Arthur Mensch (Mistral), Eleonore Crespo (Pigment) et Fidji Simo (Instacart), apportant une expertise précieuse à la mission de la fondation. Hébergée à Paris et destinée au monde entier, cette fondation vise à dessiner un nouvel horizon pour l’IA en finançant des initiatives ambitieuses qui servent l’intérêt général.”.

Des priorités relatives à la vision pour une  promotion responsable ou humaniste de l’intelligence artificielle dans le monde. Qui vivra verra ?  Le document souligne que  l’organisation ou la nouvelle fondation de l’IA, Current AI se concentrera sur trois domaines clés: Les données: élargir l’accès à des bases de données essentielles dans des domaines clés comme les médias, le multilinguisme, la santé et les sciences ; L’ouverture: promouvoir des normes et des outils ouverts qui garantissent la confiance et la sécurité des technologies d’IA, ou encore la provenance des données ; La responsabilité: mettre en place des méthodologies fiables en matière de transparence et d’audit, notamment sur l’impact environnemental ou encore sur les enfants, et pour encourager la participation citoyenne.

Des engagements pris, selon lesquels dix gouvernements: “Dont l’Allemagne, le Chili, l’Inde et le Nigeria, ont signé une charte s’engageant à soutenir la fondation et à défendre les valeurs d’une IA mise au service de l’intérêt général comme l’inclusivité, l’innovation et la coopération internationale.”.

D’un autre côté, “ Le Ministère français de l’Économie et des Finances a lancé un Observatoire IA qui collectera et diffusera, en accès libre, des données cruciales sur l’utilisation de l’IA notamment dans la santé, l’environnement, l’industrie ou encore la finance.”.  

Des exemples de projets soutenus par la fondation Current AI commencent à voir le jour. Quelles sont les fenêtres qui seront ouvertes pour des pays comme Haïti parmi d’autres nations ?  Le document poursuit : “L’initiative ROOST («Robust Open Online Safety Tools»), annoncée le 10 février 2025 lors du sommet, marque une étape importante dans la sécurisation de l’IA grâce à l’open source. Cette initiative à but non lucratif, soutenue par une alliance inédite entre de grandes entreprises technologiques (Discord, OpenAI, Google, Roblox), acteurs majeurs de l’open source (Mozilla, BlueSky, Hugging Face), universités et organisations philanthropiques, développe des outils de sécurité gratuits et open source, avec une priorité particulière accordée à la protection des enfants. Avec un investissement initial de plus de 25 millions de dollars, ROOST entend accélérer l’innovation en matière de sécurité numérique.”.

Diplomatie scientifique et démocratisation numérique. Plusieurs actions permettront un plus grand accès à certaines bases de données importantes, on peut citer : “Le Refined CommonCorpus, la plus grande base de données ouverte d'entraînement de grands modèles de langage d’IA, a été publiée le 11 février 2025. Portée par Pleais, cette base de données de 2 000 milliards de mots est composée d’œuvres du domaine public (dont des archives de la Bibliothèque nationale de France), d’articles scientifiques multilingues et de contenus issus de données ouvertes institutionnelles internationales. Ce corpus permettra d'entraîner librement des IA fiables, aux sources vérifiables, et respectueuses des droits d’auteur grâce à l’inclusion de métadonnées complètes liées à la provenance de l’information.”.

Dans quelle rubrique ou quelles sont les filières des pays du Sud, francophones et afro-caribéens devraient-ils investir pour pouvoir tenir un maillon dans la nouvelle chaîne d'investissement à travers laquelle, les Etats-Unis, la Chine, l'Europe avec la France comme fer de lance, les riches pays du golfe et des acteurs avant-gardistes comme le Japon, la Corée du Sud, ou la Russie commençaient il y a longtemps, depuis plusieurs décennies à investir massivement dans les technologies.  

Dynamique géopolitique pour asseoir la francophonie numérique, le gouvernement français n’entend  pas rater le train de l’IA. Il persiste et signe à travers : “Un outil d’évaluation des modèles de langage en fonction de leur performance en langue française a été développé par l’État français, l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (INRIA), l’Institut du développement et des ressources en informatique scientifique (IDRIS) et Hugging Face, offrant un classement des modèles d’IA à partir notamment de données inédites de corrigés du baccalauréat français.”,  informe le rapport.

Des investissements pour se positionner et pour protéger ses territoires d’influence politique et économique. Des investissements pour rattraper et dépasser certains retards ou des concurrents comme les Etats-Unis et la Chine, la France, ce pays avec lequel Haïti partage l’histoire, la langue et plusieurs autres champs d’interventions stratégiques vient d'écrire une nouvelle page d’histoire dans l'évolution de l’intelligence artificielle dans le monde en investissant à la fois, dans l’organisation et la réussite de ce Sommet de l’IA, et en mobilisant des ressources financières, technologiques et informationnelles pour la mise en œuvre du nouvel agenda mondial (réel et voilé) de l’intelligence artificiel, qui devra rattraper la République d’Haïti, ce dernier qui tarde encore, environ vingt-cinq ans après à investir dans l’humain.

 

Dominique Domerçant  

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